- AFP
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Le chef de l'ONU Climat a appelé lundi les pays réunis à la COP28 à lever "les blocages tactiques inutiles" dans la dernière ligne droite des négociations à Dubaï, alors que l'Arabie saoudite semble de plus en plus isolée et que la Chine apparaît comme la clé de voûte d'un éventuel accord sur les énergies fossiles.
Les métaphores sportives sont de mise lundi à Dubaï alors que la COP28 est censée se terminer mardi et que la dernière nuit a été courte pour tout le monde.
"Nous sommes dans une course contre la montre", a tonné le secrétaire général de l'ONU, António Guterres, arrivé la veille au soir, avant d'appeler les pays à la "bonne foi" et au "maximum de flexibilité" pour éviter une immense déception mardi.
Il a été très clair: la COP28 doit appeler à la "sortie des énergies fossiles", mais "cela ne veut pas dire que tous les pays doivent sortir des énergies fossiles en même temps". C'est-à-dire que les pays riches doivent donner l'exemple, et aider les plus pauvres à financer leurs centrales solaires ou l'électrification de leurs usines.
"Nous n'avons pas une minute à perdre dans cette cruciale dernière ligne droite", a pressé avant lui Simon Stiell, chef de l'ONU Climat, jugeant que "les plus hauts niveaux d'ambition sont possibles" sur les deux sujets indissociables au coeur des derniers pourparlers: la fin du pétrole, du charbon et du gaz d'une part, et les dollars dont ont besoin les pays pauvres pour se développer sans fossiles d'autre part.
Les ONG sont sur des charbons ardents, désireuses d'une "COP qui soit un moment charnière dans notre histoire, dont on se souviendra avec fierté", a réagi Teresa Anderson, chez ActionAid International.
Signe de la fébrilité ambiante, plusieurs événements publics annoncés ont été annulés à la dernière minute.
Et un nouveau projet d'accord attendu aux aurores n'a toujours pas été publié à la mi-journée à Dubaï, l'épuisement pointant chez les milliers de participants à la COP28.
"Nous attendons toujours le texte", indiquait le responsable d'un gros bloc de pays en début de matinée, dépité de n'avoir toujours pas de nouvelles options à commenter.
- Chine constructive -
Ce nouveau document lancera un intense sprint de tractations, avant une séance plénière à 18H00 (14H00 GMT) et potentiellement une ou plusieurs nuits blanches pour les délégués et observateurs. En 28 ans, les COP ont rarement fini à l'heure.
Mais le déterminé président émirati de la COP28, Sultan Al Jaber, patron de la compagnie pétrolière nationale, a promis un accord "historique" dès le 12 décembre, jour anniversaire de l'accord de Paris, dont il assure que l'objectif de limiter le réchauffement à 1,5°C, sérieusement menacé, est "son étoile polaire".
"Tout le monde doit faire preuve de flexibilité", a-t-il lancé dimanche. "Nous devons avancer beaucoup, beaucoup, beaucoup plus vite".
Le nouveau texte attendu lundi, probablement ponctué d'options ou de formulations entre parenthèses, testera sa capacité à façonner un compromis dans les dernières heures, puisqu'il est cette fois établi sous sa conduite.
La Chine et son émissaire Xie Zhenhua, vétéran des COP et proche de l'Américain John Kerry, sont de toutes les conversations.
La déclaration commune de Sunnylands signée en novembre par la Chine et les Etats-Unis pourrait servir de base à un éventuel accord à la COP28. Les deux premiers émetteurs mondiaux de gaz à effet de serre (41% à eux deux) évitaient de parler de "sortie" des fossiles mais indiquaient que les énergies renouvelables (solaire, éolien...) devaient graduellement les remplacer.
Les camps attendent le nouveau texte pour véritablement "dévoiler leurs cartes", explique une source proche de la présidence de la COP.
- Le jeu saoudien -
De plus en plus isolés, l'Arabie saoudite, premier exportateur de pétrole, l'Irak et quelques alliés de l'Opep campent sur leurs positions hostiles à toute sortie ou réduction des énergies fossiles, brandissant la menace d'un bouleversement de l'économie mondiale.
Pourtant, des ONG aux négociateurs, les participants expriment le même sentiment qu'un accord n'a jamais été aussi proche pour signaler le début de la fin du pétrole, du gaz et du charbon, dont la combustion depuis le XIXe siècle a permis l'essor économique mondial au prix d'un réchauffement de 1,2°C.