Course au Nobel de physique : de la « cape d'invisibilité » à l'informatique quantique

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Une "cape d'invisibilité", un microscope à force atomique ou l'informatique quantique figurent parmi les avancées scientifiques qui pourraient être récompensées par un Nobel de physique mardi, selon les experts.

« Travail sur les algorithmes quantiques et l'informatique quantique »

La distinction, qui sera annoncée à 11h45 (09H45 GMT) à Stockholm, est le deuxième Nobel de la saison après le prix de médecine décerné lundi aux biologistes américains Victor Ambros et Gary Ruvkun.

Le duo a été récompensé pour sa découverte des microARN et de leur rôle dans la régulation des gènes.

Prédire le nom d'un lauréat s'avère délicat mais les travaux du physicien israélo-britannique David Deutsch, professeur à l'université d'Oxford, et du mathématicien américain Peter Shor reviennent dans les listes des favoris.

Les deux hommes pourraient être honorés pour leur "travail sur les algorithmes quantiques et l'informatique quantique", estime auprès de l'AFP David Pendlebury, le directeur du cabinet d'analyse Clarivate qui surveille les lauréats potentiels du Nobel de sciences physiques au regard du nombre des citations de leurs travaux.

Il reconnaît cependant que le jury du Nobel pourrait être réticent à distinguer la recherche quantique, deux ans seulement après que le Français Alain Aspect, l'Américain John Clauser et l'Autrichien Anton Zeilinger ont été récompensés pour leurs travaux sur l'intrication quantique.

Dans le domaine de la mécanique quantique - la physique quantique décrit le comportement des objets physiques au niveau nanoscopique -, reviennent également les noms de l'Israélien Yakir Aharonov et du Britannique Michael Berry.

Déformer la lumière

Le Britannique John B. Pendry, devenu célèbre pour sa "cape d'invisibilité", qui consiste à utiliser des matériaux pour déformer la lumière et rendre les objets invisibles, est un autre favori qui fait l'objet de conjectures depuis des années.

L'Italo-Américain Federico Capasso a également été mentionné pour ses recherches en photonique (la science des ondes lumineuses) et sa contribution à l'invention et au développement du laser à cascade quantique.

Pour Lars Broström, journaliste scientifique à la radio suédoise SR, un lauréat potentiel pourrait être le physicien suisse Christoph Gerber "pour l'invention du microscope à force atomique avec Gerd Binnig et Calvin Quate".

Le prix Nobel ne récompense que les scientifiques vivants et Calvin Quate est mort en 2019 mais, si l'Allemand Binning devait partager cet honneur, il s'agirait de son deuxième prix Nobel de physique depuis qu'il l'a remporté en 1986 pour la "conception du microscope à balayage à effet tunnel".

Le Nobel pourrait aussi, juge Lars Broström, distinguer l'astronome canado-américaine Sara Seager. Elle a mis au point de "nouveaux moyens d'analyser les atmosphères des exoplanètes afin de trouver celles qui pourraient abriter de la vie".

Le jury du prix Nobel a pour tradition d'honorer plusieurs chercheurs à la fois et un autre trio pressenti pour le prix est composé du Canadien Allan Macdonald, de l'Israélien Rafi Bistritzer et de l'Espagnol Pablo Jarillo-Herrero.

Le trio a déjà remporté le prix Wolf de physique en 2020 "pour ses travaux théoriques et expérimentaux novateurs sur le graphène bicouche torsadé", une découverte qui a été saluée comme pouvant conduire à une révolution énergétique.

Lumière lente

Hamish Johnston, le rédacteur de la version en ligne du magazine Physics World, a émis l'hypothèse, dans un podcast précédant la remise du prix, que la physicienne danoise Lene Hau puisse être récompensée "pour ses travaux sur la lumière lente".

En 1999, Lene Hau et son équipe ont réussi à ralentir la lumière en la faisant passer à travers un nuage d'atomes qui avait été refroidi jusqu'à atteindre un état de lenteur connu sous le nom de condensat de Bose-Einstein.

Deux ans plus tard, elles ont réussi à l'arrêter complètement avant de l'accélérer à nouveau.

Décernés depuis 1901, les prix Nobel distinguent les personnes qui ont oeuvré pour "le bienfait de l'humanité", conformément au voeu de leur créateur, l'inventeur suédois Alfred Nobel.

L'an dernier, le Nobel de physique avait consacré la Franco-suédoise Anne L'Huillier, le Français Pierre Agostini et l'Austro-hongrois Ferenc Krausz pour leur recherche sur les flashs lumineux ayant permis de comprendre les mouvements ultra-rapides des électrons dans les atomes et molécules.

Le Nobel de chimie sera décerné mercredi, avant le prix Nobel de littérature jeudi et le prix Nobel de la paix vendredi à Oslo. Le prix Nobel d'économie, décerné pour la première fois en 1969, sera attribué lundi 14 octobre.

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