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Les quatre grandes fédérations de l'énergie craignent que la prochaine tarification du transport et de la distribution de l'électricité ne se fasse au détriment des "moyens", notamment humains, alors que se profilent de grands chantiers pour moderniser le réseau et l'adapter aux besoins de la transition énergétique.
Objet de leur inquiétude: la fixation du nouveau "tarif réseau" ou TURPE (tarif d'utilisation des réseaux publics d'électricité), qui doit entrer en vigueur l'an prochain pour quatre ans (2025/2028) et pour lequel une large consultation publique doit débuter prochainement.
Les quatre principales fédérations syndicales des industries électriques et gazières (CGT, CFE-CGC, CFDT et FO) ont appelé vendredi le gouvernement, la Commission de Régulation de l'Energie (CRE) et les directions des gestionnaires de réseaux électriques Enedis et RTE "à ne pas sacrifier les moyens dont les salariés ont besoin pour assurer leurs missions de service public au service des Français".
Le contexte de disette budgétaire et la volonté de préserver le pouvoir d'achat des consommateurs risquent de fortement contraindre la négociation du montant de cette "brique" de la facture d'électricité, qui représente près d'un tiers de ce que paye le consommateur final.
Car, comme le souligne Julien Lambert, secrétaire fédéral de la CGT-Energie, Enedis et RTE, financés à 90% par cette taxe, sont confrontés à des "enjeux" forts "autour des changements d'usages, des investissements à réaliser, des effectifs nécessaires" à la transition énergétique.
Raccordement des éoliennes en mer, des futurs réacteurs nucléaires, remplacement de lignes datant de l'après-guerre: rien que pour le réseau électrique haute tension, le gestionnaire RTE prévoit quelque 100 milliards d'euros d'investissements d'ici 2040.
Cette "vigilance" de la part des syndicats s'explique notamment par les débats en cours sur l'effort qui pourrait être demandé à EDF pour le redressement des finances du pays, explique Alexandre Grillat, secrétaire général de la CFE-Energie.
Le projet d'une nouvelle "contribution sur les rentes inframarginales" (Crim) sur les installations de production ou centrales électriques dépassant 260 mégawatts a été laissé par le ministre sortant de l'Economie Bruno Le Maire sur la table de son successeur à Bercy.
En conséquence, les syndicats s'inquiètent "de l'éventuelle pression financière d'EDF sur ses filiales pour être en mesure de payer l'Etat", a déclaré M. Grillat à l'AFP, s'inquiétant de la "créativité fiscale de Bercy".