- AFP
- parue le
Le secrétaire général de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) a demandé "en urgence" à ses 23 pays membres ou associés de "rejeter proactivement" tout accord ciblant les énergies fossiles dans les négociations climatiques à la COP28 de Dubaï, selon son courrier consulté vendredi par l'AFP.
Dans cette lettre datée de mercredi, et authentifiée par un pays membre destinataire, le secrétaire général Haitham al-Ghais "presse" ses membres et leurs délégations à la COP28 de "rejeter proactivement tout texte ou toute formulation qui cible l'énergie, c'est-à-dire les combustibles fossiles, plutôt que les émissions" de gaz à effet de serre.
"Il semble que la pression excessive et disproportionnée exercée sur les combustibles fossiles pourrait atteindre un point de basculement aux conséquences irréversibles, car le projet de décision contient encore des options sur l'élimination progressive des combustibles fossiles", affirme M. al-Ghais, disant écrire "avec un sentiment d'extrême urgence".
"Bien que les pays membres" et leurs associés "prennent au sérieux le changement climatique (...), il serait inacceptable que des campagnes aux motivations politiques mettre en danger la prospérité et l'avenir de nos peuples", poursuit le courrier.
Contactée par l'AFP, l'Opep n'avait pas répondu dans l'immédiat.
La lettre est adressée aux 13 membres de l'Opep, dont l'Irak, l'Iran, les Emirats arabes unies, qui président cette année la conférence climatique des Nations unis, et l'Arabie saoudite, en première ligne pour s'opposer à la sortie des énergies fossiles.
Le courrier est aussi envoyé aux dix pays associés, comme le Mexique, l'Azerbaïdjan, la Russie ou la Malaisie, tous présents à Dubaï.
"La résistance désespérée de l'Opep à une élimination progressive des combustibles fossiles révèle sa crainte que le vent tourne, ce qui est désormais évident dans les discussions de la COP28", a réagi auprès de l'AFP Andreas Sieber de l'ONG 350.org.
"Les projecteurs sont braqués sur la présidence de la COP28", assurée par le patron de la compagnie nationale d'hydrocarbures émiratie Sultan Al Jaber, pour voir "si elle négociera un accord pour une transition juste ou si elle se laissera influencer par l'Arabie saoudite et l'industrie pétrolière", a-t-il ajouté.
"Il est déjà assez regrettable que le deuxième groupe d'intérêt le plus important représenté à la COP soit le lobby des combustibles fossiles et voilà que les solutions" en cours de négociations, "sont bloquées en temps réel par leurs intérêts", a dénoncé Amiera Sawas, de l'initiative pour un Traité de non-prolifération des énergies fossiles, soutenue par des Etats insulaires et la Colombie.