Chine: le premier réacteur nucléaire EPR dans le monde entre en service commercial

  • AFP
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Pour la première fois au monde, un réacteur nucléaire EPR a été mis en service, dans le sud de la Chine - la démonstration, pour ses constructeurs, que cette technologie française de troisième génération "est une promesse d'avenir", malgré ses déboires.

Raccordé en juin avec succès au réseau électrique chinois, le premier des deux réacteurs EPR construits à Taishan, dans la province du Guangdong, a depuis passé toute une phase d'essais et de simulations d'incidents. À l'issue d'un dernier test de fonctionnement en continu et à pleine puissance pendant 168 heures, achevé jeudi à 17h00 (09h00 GMT), il a été déclaré prêt à entrer en service, ont annoncé vendredi le français EDF et le chinois CGN lors d'une conférence de presse.

EDF est actionnaire à hauteur de 30% de la coentreprise chargée de construire et d'exploiter le réacteur. Les groupes chinois CGN et Yuedian ont des participations respectives de 51% et de 19%. Le réacteur "a réuni l'ensemble des conditions de sa mise en service commerciale. C'est un jalon majeur de la coopération d'EDF avec CGN; cela démontre la maturité de la technologie EPR qui est une promesse d'avenir pour l'ensemble des technologies nucléaires", a estimé Fabrice Fourcade, président d'EDF Chine.

"Le succès du projet montre la performance technologique de l'EPR. C'est une technologie totalement fiable", a renchéri Guo Limin, directeur général de la coentreprise franco-chinoise, Taishan Nuclear Power Joint Venture Company. Le second réacteur de Taishan devrait être opérationnel en 2019.

L'EPR, pour "European Pressurized Water Reactor", d'une puissance de 1 750 MW, se fonde sur la technologie des réacteurs à eau sous pression, la plus utilisée dans le monde. Le président du conseil d'administration de la coentreprise, Gao Ligang, s'est pour sa part félicité de 40 ans de coopération entre EDF et CGN, concrétisée avec la construction dans les années 80 de la première centrale chinoise, Daya Bay.

Troisième EPR mis en chantier dans le monde, Taishan avait vu sa construction démarrer en 2009, quatre ans donc après le tout premier chantier, celui d'Olkiluoto en Finlande... dont la mise en service n'est désormais prévue qu'en 2019, avec 10 ans de retard.

Taishan: un « modèle »

"Nous avons beaucoup bénéficié des retours d'expérience en Finlande et en France", a souligné Guo Limin.

À l'inverse, alors que l'EPR a essuyé surcoûts, retards et déboires, notamment en Finlande et à Flamanville (France), les partenaires estiment que "le succès" de Taishan peut aujourd'hui servir de leçon. Un succès établi en particulier grâce à la "synergie des industries françaises et chinoises" et une "coordination de haut niveau" entre les neuf entreprises principales impliquées dans le projet, ont-ils souligné.

"Le succès de Taishan peut aujourd'hui aider d'autres opérateurs EPR", a déclaré M. Guo. "En tant que premier EPR au monde, Taishan 1 apportera une pierre importante à la construction des réacteurs du même type dans le monde et servira de modèle pour le projet commun de Hinkley Point C en Grande-Bretagne porté par CGN et EDF", a aussi commenté dans un communiqué le président de China General Nuclear Power Group (CGN).

L'année dernière, EDF évoquait un risque de retard (de 15 mois pour un réacteur, de 9 mois pour le second) et de surcoût (+1,7 milliard d'euros) pour le chantier d'Hinkley Point. En ce qui concerne Taishan, ni EDF, ni son partenaire chinois n'ont précisé le coût du projet. "Les travaux ne sont pas totalement terminés", a avancé M. Guo pour expliquer l'absence de chiffrage. Mais le responsable a aussi souligné que "les coûts de l'EPR pourraient être réduits, pour plus de rentabilité".

Aucune indication n'a non plus été donnée sur le prolongement de la coopération sur Taishan, au delà des deux premiers réacteurs. "Nous serions très heureux de poursuivre la coopération. Mais la décision n'appartient pas à EDF. Elle relève de CGN et du gouvernement chinois", a souligné Fabrice Fourcade. "Nous pouvons encore travailler ensemble pour conquérir plus de marchés à l'international", a suggéré de son côté M. Guo.

Mais la Chine construit aussi aujourd'hui son propre réacteur de 3e génération, Hualong, un projet dont CGN est partenaire, et a aussi mis en chantier l'AP1000 de l'américain Westinghouse.

Commentaires

Dirk Van de Voorde
Un grand bravo pour la France et Chine.

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