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Magda Chambriard est devenue vendredi la deuxième femme à prendre les rênes de Petrobras, avec pour défi de redonner un peu de stabilité au géant pétrolier brésilien après le limogeage de son prédécesseur par le président Lula.
Ancienne directrice-générale de l'Agence nationale du pétrole
La transition n'a pas traîné. Dix jours après le départ de Jean Paul Prates, la nomination de la nouvelle présidente par le gouvernement a été approuvée vendredi par le conseil d'administration de la compagnie.
Ancienne directrice-générale de l'Agence nationale du pétrole (ANP), qui régule le secteur, Mme Chambriard, 66 ans, "a pris ses fonctions aujourd'hui", a précisé Petrobras.
Dans la foulée de cette annonce, les actions de la compagnie, dont plus de la moitié du capital est détenue par l'Etat, étaient en hausse d'environ 0,80%, peu après l'ouverture de la Bourse de Sao Paulo.
Fleuron de la première économie d'Amérique latine, Petrobras vit une période d'instabilité, avec pas moins de six présidents s'étant succédés en un peu plus de trois ans, alors que les grandes compagnies pétrolières mondiales sont à la croisée des chemins face au défi de la transition énergétique.
Magda Chambriard est seulement la deuxième femme à occuper cette fonction dans la compagnie créée il y a plus de 70 ans, après Graça Foster, en poste de 2012 à 2015.
Elle avait déjà fait carrière dans la compagnie par le passé, occupant de nombreuses hautes fonctions depuis les années 1980, avant de diriger l'ANP durant le mandat de la présidente de gauche Dilma Rousseff (2011-2016).
Petrobras a traversé ces derniers mois une nouvelle période de turbulences qui a culminé avec le limogeage de Jean-Paul Prates, après un différend entre lui et l'exécutif à propos du paiement de dividendes. Cet ancien sénateur avait été nommé en janvier 2023, peu après le début du troisième mandat du président de gauche Luiz Inacio Lula da Silva, dont il était réputé proche.
L'annonce de son limogeage avait suscité l'inquiétude des investisseurs: en trois jours, la compagnie avait perdu plus de 11 milliards de dollars en valeur de marché à la Bourse de Sao Paulo la semaine dernière.
Petrobras a dégagé l'an dernier un bénéfice net de 24,8 milliards de dollars, en baisse de 32,1% par rapport à 2022, en raison de la chute des cours du pétrole. Mais l'année 2023 a tout de même été la deuxième la plus lucrative de son histoire.
Nouvelle frontière
Plusieurs spécialistes consultés par l'AFP estiment qu'une des priorités de la nouvelle présidente sera l'exploration de pétrole près de l'embouchure de l'Amazone, un projet fortement critiqué par les écologistes, et qui suscite des dissensions au sein même du gouvernement Lula.
Magda Chambriard "va devoir s'assurer que Petrobras ait la perspective de pouvoir produire du pétrole au moins jusqu'en 2040", explique Luis Eduardo Duque Dutra, économiste de l'Université fédérale de Rio de Janeiro.
Selon lui, les réserves actuelles du Brésil ne permettraient pas de maintenir la production brésilienne en l'état au-delà de 2034.
Mauro Rochlin, de la Fondation Getulio Vargas, évoque un "potentiel impressionnant" pour cette zone située dans l'océan Atlantique, considérée comme une nouvelle "frontière" de l'exploration pétrolière au Brésil.
Ces nouveaux gisements pourraient permettre de doubler la production du Brésil, qui s'élève actuellement à environ 3 millions de barils par jour.
L'exploration d'énergies fossiles est un sujet sensible pour Lula, qui s'affiche en leader mondial de la lutte contre le réchauffement climatique, avec à son actif une réduction de moitié de la déforestation en Amazonie l'an dernier.
Mais il ne compte aucunement abandonner l'exploration pétrolière, jugeant ses revenus essentiels pour un pays en développement comme le Brésil.