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Une moto va s'élancer sur le circuit du Bol d'Or, dont le départ va être donné samedi, avec un biocarburant issu des déchets du vin pour faire progresser la recherche vers une réduction de la pollution issue des sports mécaniques.
"On est là pour trouver des solutions. On est des amoureux du moteur thermique, on est des amoureux de la compétition et on ne voudrait pas devoir passer à l'électrique", souligne Marc Sanchez, professeur et responsable du projet au lycée professionnel Pierre Mendès-France de Montpellier (Hérault).
Car, outre son aspect technologique novateur, la présence de l'écurie FMR34 au départ de la célèbre course d'endurance de 24 heures sur le circuit Paul Ricard au Castellet (Var) est aussi une belle aventure humaine et professionnelle pour la vingtaine de lycéens qui la composent.
FMR34 était déjà présente au Bol d'Or l'an dernier, grâce notamment au soutien de l'assureur Mutuelle des Motards également installé à Montpellier. Elle revient cette année avec l'ambition de prouver que sa Yamaha mue par un biocarburant issu des déchets viticoles marche aussi bien qu'une moto utilisant de l'essence 98 du commerce.
"Nous avons eu en 2022 des problèmes électroniques indépendants de l'utilisation du biocarburant et ils nous avaient immobilisés assez longtemps au stand", rappelle Marc Sanchez. Il espère voir cette année la moto rouler pendant 24 heures sans accroc.
Celle-ci est alignée en catégorie "expérimentale" car les 46 autres machines qui prendront le départ à 15h00 fonctionnent avec de l'essence d'origine fossile. La priorité n'est donc pas la position finale au classement général après deux tours de cadran mais les enseignements tirés de l'expérience.
S'il s'agit d'une expérience pour ce qui est de la compétition moto, les voitures du championnat du monde d'endurance WEC, dont font partie les célèbres 24 Heures du Mans, utilisent depuis 2022 le même biocarburant développé par TotalEnergies.
"Mais un moteur de voiture WEC tourne environ à 9.000 tours minutes, un moteur de moto à 15.000", rappelle Thomas Fritsch, ingénieur associé au projet chez le pétrolier français. Il faut donc encore s'assurer de la fiabilité d'une mécanique poussée à ses limites en compétition en utilisant ce type de carburant. L'intérêt est aussi que les motos de la catégorie "Superstock" alignées au Bol d'Or, et à laquelle s'apparente la Yamaha de FMR34, sont très proches des machines de grande production.
- Calendrier serré -
L'expérience est suivie de près par les responsables du championnat d'endurance moto EWC, dont le Bol d'Or est l'ultime manche pour 2023, qui souhaitent réduire son impact environnemental.
"Aujourd'hui, nous étudions les différentes solutions qui sont proposées", souligne Jean-Baptiste Ley, responsable de ce championnat pour le promoteur Eurosport.
Pour lui, il faut avant tout un carburant "qui ne mette pas la fiabilité des motos à rude épreuve". De ce fait, un basculement vers ce qu'il nomme un "écofuel", se fera au plus tôt "à l'horizon 2025".
D'autres championnats comme le MotoGP et le Superbike se sont déjà fixés des objectifs calendaires rapprochés en la matière, mais l'endurance avec ses courses allant de 8 à 24 heures pose des problèmes différents, notamment en termes d'autonomie. Cela exclut tout basculement rapide vers l'électrique.
"L'hybridation (essence/électricité ndlr.) pourrait être une option mais l'écofuel reste une solution plus applicable", souligne Jean-Baptiste Ley.
Même si le carburant utilisé par FMR34 au Bol d'Or montre sa capacité à remplacer en compétition l'essence actuelle, sa diffusion à grande échelle dans les stations-services n'est pas pour demain.
Contrairement à l'éthanol, il ne requiert pas l'ensemencement de surfaces cultivables pour sa production car celles-ci sont déjà utilisées pour d'autres - dans ce cas la vigne. Mais il n'y aurait pas assez de déchets disponibles pour assurer la production nécessaire, souligne Jean-François Toulisse, responsable des partenariats chez TotalEnergies.
"Le but n'est pas de faire des déchets pour produire du carburant mais de se servir de ce qui existe pour faire du carburant", rappelle Thomas Fritsch.
Il y a aussi une question de prix puisque le biocarburant utilisé par FMR34 au Bol d'Or est un produit prototype dont le coût de production dépasse encore celui de l'essence 98 ou comprenant de l'éthanol.