Début janvier 2011, le gouvernement chinois a annoncé la découverte d’un procédé permettant de retraiter le combustible nucléaire usé. Cette expérimentation, en date du 21 décembre dernier, a été réalisée dans un réacteur de la China National Nuclear Corporation (CNCC) situé dans le désert de Gansu en zone protégée. Il s’agit d’une première étape d’un projet qui devrait conduire à une maîtrise du procédé au stade industriel en Chine.
L’attrait chinois pour l’énergie nucléaire
13 réacteurs nucléaires sont actuellement en exploitation alors que 34 autres doivent être mis en service dans les années à venir. 26 sont déjà en cours de construction ce qui représente près de 40% des centrales en chantier dans le monde. Pour 2020, Pékin s’est fixé comme objectif de porter de 2,5 à 6% la part de l’énergie nucléaire dans l’ensemble de l’électricité produite.
Compte tenu de cet essor du nucléaire, la demande annuelle chinoise d’uranium pourrait s’élever à 20 000 tonnes par an en 2020. Avec les techniques actuelles, le pays ne pouvait alors espérer en produire que 2 400 tonnes à cette échéance. La maîtrise du retraitement du combustible nucléaire s’avère donc cruciale dans ce contexte. Par ailleurs, d’’un point de vue technologique, la Chine deviendrait, avec la France, un des rares pays capable de maîtriser l’ensemble du cycle du combustible nucléaire.
Cette annonce a un impact important sur le marché national et international. D’une part, elle ravive les rivalités technologiques entre les deux leaders chinois, la CNCC et la CGNPC (China Guangdong Nuclear Power Corporation), D’autre part, elle pourrait remettre en cause les contrats en cours de négociation avec Areva, sur la construction d’une usine de retraitement et d’une unité de production du combustible Mox.
Des réserves d’uranium démultipliées
Selon les estimations de la CNCC, la Chine pourrait même envisager d’utiliser ses réserves d'uranium pendant 3 000 ans, au lieu des 50 à 70 ans prévus auparavant. En effet, l’émergence des nouvelles générations de réacteurs nucléaires à neutrons rapides exploitent le combustible retraité et optimisent l’utilisation de l’uranium. Ils devraient voir le jour d’ici à 2040. Pékin espère pouvoir couvrir un quart de ses besoins en énergie à partir d’énergie nucléaire d’ici 2035. en alternative significative au charbon. Ce nouveau mix énergétique lui permettrait notamment de s’adapter aux normes contraignantes en matière de réduction d’émission de gaz à effet de serre.