- Source : Académie des sciences
La conférence-débat sur les gaz de schiste organisée mardi 26 février par l’Académie des sciences visait à apporter un éclairage global sur ces hydrocarbures dits « non conventionnels » : conditions de formation, d’exploration et d’exploitation, évaluation des ressources et des risques, acceptabilité, etc. La séance ouverte au public s’est tenue dans la Grande salle des séances de l’Institut de France.
Cinq intervenants extérieurs étaient invités à s’exprimer :
- Bruno GOFFÉ (directeur de recherche au CNRS, INSU) a rappelé les conditions géologiques de formation des hydrocarbures et plus spécifiquement des gaz de schiste. Il a relayé les évaluations de l’EIA américaine concernant les ressources disponibles toute en rappelant que le manque de données des milieux académiques. Il a d’autre part présenté les impacts spécifiques et non spécifiques que l’exploitation des gaz de schiste pouvait entraîner ;
- Bruno COURME (directeur Europe du gaz de schiste chez Total) a rappelé que le gaz de schiste est de nature identique au gaz dit « conventionnel ». Il a présenté les techniques spécifiques utilisées pour les extraire ainsi que les défis associés, en particulier la gestion de la ressource en eau. Interrogé sur les techniques alternatives à la fracturation hydraulique, il a défendu le recours à la fracturation traditionnelle à l’eau qui fait encore l’objet de perfectionnements. Au sujet des émissions de gaz à effet de serre, l’impact de l’exploitation des gaz de schiste se mesure selon lui au regard de l’usage final et des sources d’énergie auxquelles il se substitue ;
- Robert MAIR (Fellow of the Royal Society, université de Cambridge) a résumé le rapport conjoint de la Royal Society et de la Royal Academy of Engineering sur l'extraction des gaz de schiste au Royaume-Uni et ses risques potentiels. Il a abordé les inquiétudes de l’opinion publique portant sur les questions de sismicité (suite à des microséismes près de Blackpool en 2011) et sur les impacts environnementaux de l’exploitation (suite aux malfaçons de certaines exploitations aux États-Unis). L’exploitation est souhaitable selon lui sous réserve qu’un régulateur la surveille. Un système de feu tricolore est suggéré pour veiller aux caractéristiques sensibles de certaines zones (risques de sismicité). Les activités de production des gaz de schiste en sont encore au stade exploratoire au Royaume-Uni ;
- Robert SIEGFRIED (membre du consortium Partenariat de recherche pour une énergie sûre pour l'Amérique, RPSEA en anglais) a présenté l’évolution du paysage énergétique aux États-Unis, seul pays avec le Canada où les gaz de schiste sont actuellement extraits. Il a évoqué les difficultés rencontrées par cette production tout en précisant sous quelles conditions les gaz de schiste pouvaient, selon lui, être exploités de manière sûre et responsable ;
- Nicolas ARNAUD (directeur de l'Observatoire des sciences de l'univers, université de Montpellier) a simulé une estimation des réserves potentielles d’hydrocarbures non conventionnels dans des bassins du sud du Massif Central. Il a montré en quoi cette estimation était actuellement impossible en raison de l’ignorance sur la nature du sous-sol français. Il a appelé à ce titre à une meilleure intégration de la géoscience aux différentes étapes de l’exploitation d’hydrocarbures pour bénéficier en particulier de données fiables sur les ressources accessibles.
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