- Connaissance des Énergies avec AFP
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L'Iran, la Chine et la Russie ont entamé vendredi à Pékin des discussions à haut niveau sur le nucléaire iranien, sur fond d'intense activité diplomatique des grandes puissances afin d'espérer raviver l'accord international de 2015.
Ces échanges interviennent au moment où le président américain Donald Trump, qui avait retiré avec fracas les Etats-Unis de l'accord en 2018 durant son premier mandat, s'est dit ouvert au dialogue avec Téhéran depuis son retour au pouvoir en janvier.
"Les trois parties ont échangé leurs points de vue sur la question nucléaire iranienne et d'autres questions d'intérêt commun", a indiqué vendredi la télévision publique chinoise CCTV, sans davantage de précisions pour l'instant.
La chaîne a diffusé des images du vice-ministre chinois des Affaires étrangères Ma Zhaoxu accueillant et serrant la main à ses homologues russe Sergueï Riabkov et iranien Kazem Gharibabadi, devant des drapeaux des trois pays.
Les pays occidentaux soupçonnent depuis des décennies Téhéran de chercher à se doter de l'arme nucléaire. L'Iran conteste vigoureusement et affirme que son programme n'existe qu'à des fins civiles, notamment pour l'énergie.
En 2015, l'Iran avait conclu un accord avec les membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU (Chine, Russie, Etats-Unis, France et Royaume-Uni) et l'Allemagne pour encadrer son programme nucléaire.
L'Iran respectait ses engagements, selon l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA). L'accord offrait au pays un allègement des sanctions en échange d'une limitation de ses ambitions nucléaires.
- Coquille vide -
Mais en 2018, Donald Trump avait retiré son pays de l'accord de manière unilatérale. Les sanctions américaines ont été rétablies et l'économie iranienne ne s'en est jamais remise.
En représailles à ce retrait, l'Iran est revenu à son tour sur ses engagements et a fait progresser son programme nucléaire.
Toutes les tentatives pour raviver l'accord de 2015, désormais une coquille vide, ont échoué ces dernières années.
La validité du texte court jusqu'en octobre cette année et certains pays n'écartent pas de réimposer après cette date des sanctions contre l'Iran.
L'Iran a déjà mené ces derniers mois plusieurs tours de discussions avec l'Allemagne, la France et le Royaume-Uni (groupe E3) autour de son programme nucléaire.
Les échanges de vendredi à Pékin visent à "renforcer la communication et la coordination, afin de reprendre le dialogue et les négociations à une date prochaine", avait déclaré jeudi Mao Ning, une porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères.
De son côté, le porte-parole de la diplomatie iranienne, Esmaïl Baghaï, a affirmé cette semaine que les échanges porteraient "sur les récents développements liés à la question nucléaire et à la levée des sanctions" imposées à l'Iran.
- "Imprudente" -
Depuis son retour à la Maison Blanche, Donald Trump se dit prêt au dialogue avec l'Iran pour un "deal" sur le nucléaire. Il a révélé avoir écrit une lettre en ce sens aux dirigeants iraniens, tout en avertissant de possibles actions militaires en cas de refus de Téhéran.
"Cette menace est imprudente", a répondu mercredi le guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, qui a le dernier mot sur toutes les décisions stratégiques dans son pays. Il a affirmé que Téhéran était "capable de riposter".
Donald Trump a été l'artisan d'une politique dite de "pression maximale" envers l'Iran durant son premier mandat (2017-2021), avec le rétablissement de sanctions pour affaiblir le pays économiquement et l'isoler sur la scène internationale.
Le président américain, tout en se disant ouvert à des négociations, a renforcé les sanctions contre Téhéran.
Washington a ainsi annoncé le mois dernier une nouvelle série de mesures à l'encontre de personnes, de sociétés et de navires accusés de contourner les sanctions déjà en place contre le pétrole iranien.
Le chef de la diplomatie iranienne, Abbas Araghchi, avait écarté fin février toute "négociation directe" avec les Etats-Unis dans le contexte actuel.