Galette qui permettra de stocker l'hydrogène produit dans le cadre du projet GRHYD (©Mickaël Cartier-Ayach)
Le développement des énergies renouvelables intermittentes doit s’accompagner de solutions de stockage afin de ne pas fragiliser le réseau électrique. Dans cette optique, le projet de « power to gas » baptisé GRHYD suscite de nombreuses attentes. L’utilisation du vecteur hydrogène pourrait permettre de satisfaire de nombreux usages, de la production de chaleur à la fourniture de nouveaux carburants. Présentation des 2 volets de ce projet d’avenir.
Volet habitat : injecter de l’hydrogène dans le réseau de distribution
Le projet GRHYD (Gestion des Réseaux par injection d’HYdrogène pour Décarboner les énergies) a été officiellement lancé fin janvier lors des Assises de l’énergie à Dunkerque. C’est dans cette ville qu’il va être déployé sous par un groupement d’industriels coordonné par GDF Suez.
Il doit permettre de récupérer les excédents d’électricité (électricité « fatale ») provenant des unités de production intermittentes pour les convertir en hydrogène par le moyen du « power to gas ». Cette technologie consiste à convertir l’électricité en hydrogène par électrolyse de l’eau. L’hydrogène produit pourra être ensuite injecté dans le réseau de distribution de gaz naturel. Mélangé au gaz naturel dans des proportions inférieures à 20% en volume, l’hydrogène produit contribuera à alimenter près de 200 logements d’un quartier qui sera construit à Capelle-la-Grande, au sud de Dunkerque.
Ce mélange de gaz permettra de produire de l’eau chaude sanitaire et du chauffage urbain. Un hôpital voisin pourrait également être connecté au réseau de gaz dit « GN-H » (Gaz Naturel-Hydrogène). L’injection de ce gaz devrait débuter après 2 ans d’études. La phase de démonstration devrait s’étendre sur 5 années supplémentaires.
Volet transports : produire un nouveau carburant à l’échelle industrielle
Le projet GRHYD ne se limite pas à fournir de la chaleur au secteur résidentiel. Il vise également à fournir en quantité importante de l’hydrogène pour produire un carburant plus respectueux de l’environnement : « l’hythane ». Mélange lui aussi de gaz naturel et d’hydrogène, ce dernier a fait l’objet d’une expérimentation entre 2005 et 2010 sur deux bus du réseau DK’Bus Marine de Dunkerque.
L’efficacité énergétique de ce gaz serait près de 7% supérieure à celle du gaz naturel. Reste à le produire à grande échelle. A l’avenir, c’est une cinquantaine de bus du réseau dunkerquois, qui pourraient être alimentés à l’hythane plutôt qu’au GNV comme c’est actuellement le cas. Une station de bus GNV sera adaptée au mélange hydrogène-gaz naturel avec un taux de 6% d’hydrogène, puis de 20%.
Le budget total du projet GRHYD atteint près de 16 millions d’euros dont une partie est prise en charge par l’Ademe via les Investissements d’Avenir. Selon l’agence en charge de la maîtrise de l’énergie en France, les marchés de l'hydrogène pourraient générer en France entre 5 et 40 milliards d'euros de chiffre d’affaires par an d’ici 10 à 15 ans.