Connecté au réseau électrique chinois fin juin 2018, Taishan 1 est officiellement « en exploitation commerciale » le 13 décembre. Ce fut le premier EPR au monde à atteindre ce stade. (©EDF)
Située dans la province de Guangdong au sud de la Chine, à environ 120km à l'ouest de Hong Kong, la centrale de Taishan se déploie sur près de 400 hectares (soit l’équivalent de la superficie de près de 500 terrains de football) au bord de la mer de Chine méridionale. Elle comprend 2 EPR de 1 660 MW de puissance chacun(1). Ce sont les premiers réacteurs de technologie EPR à avoir été mis en service dans le monde.
Du projet à la mise en service
Le projet de Taishan est porté par TNPJVC, une joint-venture regroupant China General Nuclear Power (CGN - 51%), EDF (30%) et l’électricien chinois Yuedian (19%). La centrale peut produire « jusqu’à 24 TWh d’électricité par an » (ce qui impliquerait un facteur de charge de 82,5%), soit l’équivalent de la consommation électrique annuelle de 5 millions de Chinois selon l’exploitant.
La construction de Taishan aura duré près de 9 ans : la construction de Taishan 1 a débuté en 2009, 2010 pour Taishan 2. Elle a mobilisé plus de 15 000 ouvriers « au plus fort du chantier ».
Bien qu’ayant subi près de 5 ans de retard par rapport au calendrier initial, le chantier de Taishan est cité en exemple en comparaison avec les autres projets d’EPR dans le monde en Finlande (Olkiluoto 3) et en France (Flamanville 3) dont les constructions ont commencé avant le projet chinois mais qui accumuluent retards et surcoûts. Taishan 1 pourrait en particulier servir « de modèle pour le projet commun de Hinkley Point C », souligne He Yu, président du groupe CGN qui est associé à EDF au Royaume-Uni.
Taishan 1
La première tranche - Taishan 1 - est considérée en exploitation commerciale depuis la fin des derniers tests réglementaires le 13 décembre 2018 (168 h de fonctionnement continu à pleine puissance).
Taishan 2
Le combustible nucléaire a été chargé à la mi-avril 2019 dans le réacteur de Taishan 2, et la divergence a eu lieu le 28 mai 2019. Le début de son exploitation commerciale a commencé le 07 septembre 2019.
Incidents de 2021
Le 5 avril, une "petite quantité de gaz radioactif a pénétré de manière inattendue" dans la canalisation étanche du premier réacteur de la centrale, avait indiqué le régulateur chinois. Et la quantité de gaz alors rejetée représentait 0,00044% de la limite annuelle réglementaire, selon lui.
Un autre incident avait été signalé le 14 juin 2021 : un petit nombre de barres de combustible d'uranium endommagées ("crayons") causait une accumulation de gaz rares radioactifs dans le circuit primaire, étanche, de la centrale. La fission nucléaire produit des gaz rares, en l'occurrence du xenon et du krypton, qui ont fuité dans ce circuit à travers les gaines -- un phénomène minimisé par EDF et des experts. EDF a exclu toute dynamique de fonte du coeur, comme dans d'anciennes catastrophes nucléaires. "A l'heure actuelle, la surveillance continue des données environnementales montre que les indicateurs environnementaux de la centrale nucléaire de Taishan et ses environs sont normaux", avait indiqué CGN.
"L'ASN a proposé cet échange afin d'examiner dans quelle mesure le retour d'expérience de la situation d'exploitation actuelle à Taishan peut être pris en compte dans le cadre de l'instruction en cours de la demande de mise en service de l'EPR de Flamanville", avait expliqué l'ASN dans un court communiqué. La proposition avait reçu une réponse favorable de l'Administration nationale de la sûreté nucléaire de la Chine (NNSA), et "des premières réunions sont en cours", explique l'autorité française.
Le réacteur avait finalement été mis à l'arrêt un mois et demi plus tard, pendant plus de six mois. "La centrale nucléaire de Taishan (...) fait de la sûreté sa première priorité (...) et a décidé d'arrêter le réacteur 1 pour maintenance, afin de trouver la cause des dommages affectant le combustible et de remplacer le combustible endommagé", avait indiqué CGN dans un communiqué.
Selon CGN, la mise à l'arrêt du réacteur n'a pas été consécutive à un danger imminent : les dégâts sur le combustible "restent dans la plage admissible des spécifications techniques" et le réacteur aurait pu "continuer à fonctionner de manière stable", d'après le groupe. Le géant nucléaire local précise que la décision avait été prise "après une discussion substantielle entre les techniciens chinois et français".
47 réacteurs nucléaires en service en Chine
La Chine disposait d’un parc nucléaire de 47 réacteurs « opérationnels » en 2019, 11 autres tranches étant en cours de construction selon les dernières informations de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA)(2).
Précisons toutefois que le nucléaire n’a compté que pour 3,9% de la production électrique chinoise en 2017, loin derrière le charbon sur lequel repose encore près de 65% du mix électrique national. À ce titre, la centrale de Taishan pourrait éviter l’émission d’environ 21 millions de tonnes de CO2 par an selon l’exploitant.
En 2017, l'énergie nucléaire a compté pour 3,9% de la production électrique chinoise. (©EDF)
EDF voudrait construire d'autres EPR en Chine, qui est actuellement la locomotive du marché nucléaire dans le monde, même si les Chinois ont aussi développé leur propre réacteur de 3e génération, le Hualong.