
Le chèque énergie a été « généralisé » auprès des ménages modestes en France au 1er janvier 2018, après une évaluation du dispositif.
Le chèque énergie est un titre de paiement destiné à des foyers modestes, leur permettant de payer leurs factures d'énergie (électricité, gaz, chauffage au bois ou au fioul, GPL, etc.).
Ce dispositif fait l’objet de l’article 201 de la loi de transition énergétique pour la croissance verte en France. Selon le ministère de l'Énergie, cette aide concerne environ 20% des ménages français les plus modestes(1).
Éligibilité et montant du chèque énergie
Le chèque énergie est nominatif et est attribué sous réserve que les revenus du foyer soient inférieurs à un plafond donné. Le montant de ce chèque varie en fonction du nombre de membres du logement et des revenus cumulés.
En 2025, sont éligibles au chèque énergie les ménages dont le revenu fiscal de référence (RFR) 2023 par unité de consommation est inférieur à 11 000 euros.
Le premier adulte du ménage compte pour 1 UC (unité de consommation), la 2e personne du ménage pour 0,5 UC, la 3e personne et les suivantes pour 0,3 UC(2).
Vérifier son éligibilité au chèque énergie en 2025 avec le simulateur public.
Montant du chèque énergie en 2025
En 2025, le montant du chèque énergie est compris entre 48 euros et 277 euros par an (valeur faciale TTC, comme en 2024).
RFR/UC | < 5 700 € | entre 5 700 € | entre 6 800 € | entre 7 850 € |
---|---|---|---|---|
1 UC par ménage | 194 € | 146 € | 98 € | 48 € |
1 < UC par ménage < 2 | 240 € | 176 € | 113 € | 63 € |
2 UC ou + par ménage | 277 € | 202 € | 126 € | 76 € |
Pour les occupants de logements-foyers conventionnés, d'un logement en intermédiation locative, et d’établissements pour personnes âgées (EHPAD, EHPA ou encore résidences autonomie), le montant du chèque énergie est fixé à 192 euros.
Environ 5,6 millions de bénéficiaires ont été concernés par le dispositif pour l'année 2024.
Une situation particulière en 2025
Un décret(3) et deux arrêtés du 31 juillet 2025 ont précisé « les modalités de mise en œuvre du chèque énergie pour 2025, ainsi que les critères d'éligibilité à ce dispositif », alors que la campagne a été très retardée par rapport aux années précédentes.
Le ministre chargé de l’Industrie et de l’Énergie, Marc Ferracci, « a appelé à de la souplesse de la part des fournisseurs envers les foyers qui pourraient se retrouver en retard sur leurs paiements en attendant l’envoi du chèque », souligne le médiateur national de l'énergie(4).
Rappels sur la campagne de 2024
En 2024, la campagne d'envoi automatique des chèques énergie s'est achevée le 25 avril. En juillet 2024, un guichet en ligne a été ouvert pour permettre aux ménages modestes n'ayant pas reçu le chèque énergie en 2024 d'adresser une réclamation s'ils estimaient être éligibles à cette aide. L'administration se basait habituellement sur les déclarations de taxe d'habitation qui a été supprimée en 2023, ce qui a compliqué l'identification de potentiels foyers éligibles.
Les demandes en ligne pouvaient être déposées sur le guichet numérique dédié jusqu’au 31 décembre 2024. Le ministère de l'Industrie et de l'Énergie indique avoir constaté « plus de 200 000 demandes les 30 et les 31 décembre » 2024.
Adoption tardive de la loi de finances en 2025
Compte tenu du blocage du budget et de l'adoption tardive de la loi de finances pour 2025, l’envoi des premiers chèques énergie de la campagne 2025 n'interviendra cette année qu'ennovembre 2025, soit 8 mois après la période habituelle, « puis les envois se poursuivront dans les mois qui suivent pour les personnes qui se déclareront sur la plateforme », précise le ministère de l'Économie.
Autre évolution en 2025 : une nouvelle option de dématérialisation est ajoutée au dispositif, le « e-chèque ». Depuis le 10 juillet 2025, les bénéficiaires peuvent, par cette voie numérique, disposer directement du montant de leur chèque énergie dans leur espace personnalisé sur le site du chèque énergie et l’utiliser en plusieurs fois auprès des différents fournisseurs d‘électricité et de gaz naturel qui acceptent ce service.
Réception et usages
L'Agence de services et de paiement (ASP), organisme habilité par l’État, délivre ce titre de paiement aux bénéficiaires par courrier. Il s'agit d'une campagne d'envoi automatique.
L’attribution du chèque énergie s’appuie désormais sur le numéro de Point de Livraison (PDL) d’électricité du logement et sur les revenus du foyer fiscal du titulaire du contrat de fourniture d’électricité (pour tenir compte de la suppression, en 2023, de la taxe d’habitation sur les résidences principales, dont a bénéficié l’ensemble des ménages).
Les bénéficiaires reçoivent le chèque énergie habituel une fois par an au domicile, vers le printemps (sauf en 2025 donc). Cette aide matérielle permet de payer des factures pour tout type d'énergie et permettait de couvrir le coût de certains travaux de rénovation dans leurs logements dans le passé (ce n'est plus le cas en 2025).
Concrètement, les bénéficiaires peuvent :
- régler directement leur facture auprès du fournisseur avec le chèque énergie ;
- ou demander à leur fournisseur d'énergie de le "pré-affecter" afin que l'aide soit prise en compte automatiquement l'année suivante en déduction de la facture.
Ils peuvent aussi régler les charges de chauffage incluses dans les loyers de certains logements collectifs : logements-foyers, maisons de retraites, établissements de soins de longue durée, EHPAD, EHPA, résidences autonomie, établissements ou unités de soins de longue durée (ESLD, USLD) et pour le paiement des charges locatives incluant des frais d'énergie dans le logement social.
Durée de validité
La durée de validité du chèque énergie est limitée dans le temps (jusqu'au 31 mars de l'année suivant son émission, mars 2027 pour le chèque 2025 envoyé tardivement) et différente selon son affectation (paiement des factures d’énergie ou amélioration de la qualité du logement).
Un site internet dédié délivre toutes les informations sur le chèque énergie et accompagne les bénéficiaires (avec notamment le calendrier d'envoi des chèques énergie).
Pistes d'amélioration
Distribution du chèque
En février 2022, la Cour des comptes invitait à améliorer le fonctionnement du chèque énergie, au « ciblage peu performant » et dont l'usage va contre les objectifs climatiques de la France. Selon ce rapport de la Cour(5), en retenant comme critère de la précarité énergétique la part des revenus consacrés aux dépenses d'énergie, il apparaissait qu'environ 25% des ménages en situation réelle de précarité énergétique ne recevaient alors pas ce chèque. Inversement, près de la moitié des ménages qui le recevaient ne remplissaient pas des conditions de précarité énergétique.
La question du ciblage et de la bonne distribution du chèque aux ménages éligibles reste un enjeu important du dispositif. Environ 82,2% des bénéficiaires de l'année 2023 avaient utilisé leur chèque énergie, selon des données au 26 mars 2024.
En juin 2025, plusieurs fédérations et associations ont alerté sur « des trous dans la raquette importants » dans la campagne 2025 du chèque énergie, en soulignant ce problème de distribution : « De nombreux ménages ne seront pas repérés automatiquement », a notamment mis en garde Violaine Lanneau, secrétaire générale des services de la FNCCR (suite à la suppression du repérage automatique avec la disparition de la taxe d'habitation).
Un montant jugé trop faible
Par ailleurs, le montant du chèque énergie est jugé trop faible pour lutter efficacement contre cette précarité et « relègue sa fonction à celle d'une aide sociale de soutien au pouvoir d'achat des ménages au niveau de vie le plus faible », notait déjà la Cour des comptes en 2022. Par ailleurs, le fait que le chèque puisse financer tout type d'énergie aboutit à subventionner pareillement énergies carbonées et décarbonées, à rebours des objectifs climatiques du pays.
Trois scénarios s'offrent au législateur : rendre cette aide libre d'emploi, accompagner le dispositif actuel d'une hausse de la taxation du carbone ou cibler les seuls ménages en situation de précarité énergétique - ce qui permettrait d'augmenter le montant de l'aide à coût global constant.
Dans une note de juin 2023 mise en ligne par le think tank Terra Nova, Marie Dégremont et Nicolas Goldberg proposaient de doubler le montant pour les 30% de personnes les plus modestes et d'accompagner ses bénéficiaires en s'appuyant notamment sur les réseaux de travailleurs sociaux.
En juin 2025, plusieurs associations ont également dénoncé ce barème jugé obsolète : « Ce n'est pas de l'argent de poche, c'est une mesure de justice sociale », a martelé Éric Pérez, président du syndicat de gestion des énergies de la région lyonnaise (Sigerly) et membre de la FNCCR
Histoire, aléas et chèques exceptionnels
Le chèque énergie a d'abord fait l'objet d'une expérimentation dans 4 départements (Ardèche, Aveyron, Côtes-d'Armor et Pas-de-Calais) à partir de mai 2016 dans l'idée de remplacer les tarifs sociaux de l’énergie (électricité et gaz). Lancé dans toute la France en 2018, il couvre un périmètre plus large que les tarifs sociaux : tous les modes de chauffage sont éligibles à ce titre de paiement.
Fin 2021, un chèque supplémentaire de 100 euros avait été versé aux ménages déjà bénéficiaires du chèque énergie, dans le contexte de forte hausse des prix des énergies.
Fin 2022, un chèque énergie exceptionnelde 100 € à 200 € avait déjà été envoyé par voie postale aux ménages aux revenus modestes (12 millions de foyers bénéficiaires, soit environ 40% des ménages).
Fin 2022, les Français qui se chauffant au bois ont également pu demander un chèque bois allant de 50 à 200 euros, sous conditions de revenus (jusqu'à 2 260 euros pour une personne seule et jusqu'à 4 750 euros pour un couple avec deux enfants).