Site gazier de Grissik en Indonésie. (©ConocoPhillips Company)
L’Agence internationale de l’énergie revient dans un rapport publié le 1er février sur l’évolution des marchés gaziers en 2021, marqués par des prix record(1).
Des prix au plus haut…
En 2021, la consommation mondiale de gaz naturel a « rebondi de 4,6%, soit plus du double du déclin connu en 2020 […] l’offre n’a pas suivi le rythme », rappelle l’AIE en préambule de son rapport. Ce déséquilibre a engendré une forte tension sur les marchés, des hausses de prix majeures (affectant par la même occasion les cours de l’électricité) et une volatilité au plus haut, renforcée par les variations de températures.
En 2021, l’Europe – dont la consommation de gaz a augmenté de 5,5% par rapport à 2020 - a été particulièrement touchée par cette situation, alors que la production dans cette zone était en chute libre (- 10%), que le niveau de remplissage des stocks européens était faible(2) et que les livraisons russes à l’UE par gazoduc ont baissé de 3% par rapport à 2020 : les prix du gaz sur la place de marché TTF (Pays-Bas) ont ainsi été quasiment multipliés par cinq en 2021 par rapport aux plus bas niveaux de 2020.
En Asie, les prix de marché du gaz naturel liquéfié (GNL) ont connu « une trajectoire de prix assez similaire à celle de l’Europe » en 2021. Aux États-Unis, les prix ont en revanche « seulement » doublé en 2021 par rapport à 2020 (atteignant toutefois leur plus haut niveau au 4e trimestre 2021 depuis 2008) : la production domestique a augmenté de 2% (soit bien moins que la hausse de la demande supérieure à 5%) mais la très forte hausse des importations par gazoduc depuis le Canda (+ 17% par rapport à 2020) a « joué un rôle majeur pour équilibrer le marché gazier américain ».
Une bonne nouvelle pour le charbon…
Parmi les impacts importants de la hausse des prix du gaz naturel en 2021, l’AIE souligne la compétitivité retrouvée des centrales à charbon dont la production avait été particulièrement affectée par les prix très bas du gaz en 2020… La consommation américaine de charbon dédiée à la production d’électricité a ainsi augmenté de près de 19% en 2021 par rapport à 2020 (malgré une forte baisse aux mois de novembre et décembre) tandis que celle des centrales à gaz a dans le même temps chuté de 3%. Même constat en Europe(3) où la consommation des centrales à charbon a cru de 11% tandis que celle des centrales à gaz a diminué de 1%(4).
Début 2022, les prix européens ont été « modérés par des températures douces, associées à un afflux plus important de GNL » mais toute vague de froid ou resserrement de l’offre est susceptible d’entraîner de nouvelles hausses de prix, prévient l’AIE. Il en résulte une forte incertitude, exacerbée (outre les facteurs précédemment mentionnés) par les tensions géopolitiques actuelles.
L’AIE souligne que la situation actuelle constitue « un rappel brutal pour les pays consommateurs de gaz de l'importance de mettre en œuvre et d'actualiser leurs boîtes à outils en matière de sécurité d'approvisionnement ».