Numérique et énergie : l’état des lieux de l’AIE

parue le
Thermostat connecté

Dans l'habitat, les thermostats connectés permettent d'optimiser la température en fonction des besoins et de réduire la consommation d'énergie associée. (©Qivivo)

Le numérique occupe une place de plus en plus importante dans le secteur énergétique. Dans un rapport publié aujourd’hui(1), l’AIE analyse les transformations en cours.

Une frontière « brouillée » entre production et consommation

Le numérique a fait son apparition très tôt dans le secteur énergétique, notamment pour faciliter la gestion des réseaux électriques dès les années 1970. C’est aujourd’hui « le rythme de la digitalisation » du secteur énergétique tout entier qui s’accélère selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE). Le numérique « brouille les frontières entre l’offre et la demande », constate le directeur de l’AIE Fatih Birol.

Coté consommateurs, plus d’un milliard de foyers dans le monde pourraient en effet être inclus dans des systèmes électriques interconnectés d’ici 2040, par le biais de compteurs communicants et d’appareils connectés. La demande, plus flexible, permet d’éviter d'investir dans de nouvelles infrastructures de production

Côté production, le recours au numérique pourrait sensiblement améliorer l’efficacité énergétique et la productivité des infrastructures. L’AIE estime notamment que les coûts de production de l’industrie pétrolière et gazière pourraient diminuer de 10% à 20% grâce aux technologiques numériques (avec une augmentation du volume d’hydrocarbures récupéré). Sur les réseaux électriques, le numérique permet entre autres de mieux intégrer les productions électriques intermittentes et de faciliter le contrôle de l’état des lignes (recours aux drones).

Un monde plus connecté, pour quelle consommation ?

L’AIE délivre de nombreux ordres de grandeur témoignant de l’importance croissante du numérique dans le monde. Le trafic internet a notamment triplé au cours des cinq dernières années et le volume des informations numériques échangées en 2017 devrait dépasser le seuil du « zettaoctet » (1015 Mo)(2).

Selon les estimations de l’AIE, la consommation mondiale d’énergie dans les bâtiments pourrait être réduite de 10% en 2040 (par rapport à un scénario tendanciel(3)) grâce au numérique : thermostats connectés, éclairages intelligents, etc.

La circulation et le stockage de données mobilisent toutefois un ensemble d’équipements (routeurs, câbles, serveurs, unités de stockage, etc.) qui s’accompagnent de très fortes consommations d’électricité. Les besoins des seuls « data centers » ont atteint 194 TWh en 2014 selon les dernières données de l’AIE, soit l’équivalent du double de la consommation d’électricité annuelle de la Belgique.

Si l’AIE assure que les progrès d’efficacité énergétique vont freiner la hausse de la demande d’électricité associée au numérique, elle juge « extrêmement difficile de fournir des évaluations précises au-delà des cinq prochaines années »(4). L’agence rappelle également que, malgré de nombreux bénéfices, le numérique entraîne également de nouveaux risques en matière de cybersécurité et de protection des données.

Pour rappel, la sphère « IoT » (Internet des objets) compterait près de 8,4 milliards d’appareils connectés dans le monde et leur nombre pourrait dépasser la barre des 20 milliards d’ici 2020 selon l’AIE. Le nombre de smartphones pourrait quant à lui augmenter de 3,8 milliards à près de 6 milliards sur cette période(5).

Numérique et électricité
En ce qui concerne l’électricité, les investissements mondiaux dans les infrastructures et logiciels numériques augmentent de plus de 20% par an depuis 2014 et ont atteint 47 milliards de dollars en 2016 selon l’AIE. (©Connaissance des Énergies, d’après AIE)

Sources / Notes
  1. Rapport « Digitalization & Energy », AIE , novembre 2017. 
  2. Près des 90% des données mondiales ont été créés au cours des deux dernières années selon IBM. Plus de 3,5 milliards de personnes utilisent aujourd’hui internet, soit près de la moitié de la population mondiale.
  3. Selon le scénario central de l’AIE, les besoins d’électricité dans les bâtiments pourraient quasiment doubler dans le quart de siècle à venir, de 11 PWh en 2014 (1 PWh = 1015 Wh) à près de 20 PWh en 2040.
  4. L’évolution de la consommation électrique liée aux réseaux (pour la circulation de données) est également sujette à de nombreuses incertitudes à plus court terme : leur consommation d’électricité pourrait, selon l’AIE, chuter de 15% ou augmenter jusqu’à 70% d’ici à 2021 en fonction des progrès d’efficacité énergétique.
  5. Le nombre actuel d’abonnements de téléphonie mobile (7,7 milliards) est d’ores et déjà supérieur au nombre d’humains.

Sur le même sujet