Vue du chantier en 2010 de l’EPR de Taishan, construit par Areva pour une joint venture entre le chinois CGNPC et EDF. (©EDF-Philippe Eranian)
Une réunion a eu lieu hier matin à l’Élysée au sujet des difficultés du groupe Areva et des futures orientations à donner à la filière nucléaire française. État des lieux.
Quelle est la nature du rapprochement envisagé entre Areva et EDF ?
Pour rappel, Areva est organisé en 5 grandes branches dont la principale couvre les activités liées aux réacteurs et services(1) qui comprennent principalement la conception et la construction de réacteurs nucléaires (en particulier de l’EPR), la R&D ainsi que la maintenance et le contrôle des installations nucléaires. Ces activités comptent pour 37% du chiffre d’affaires du groupe et 35% de ses effectifs à fin 2014.
Dans un premier temps, l’État souhaite qu’Areva mette en commun avec EDF au sein d’une nouvelle société une petite partie des activités de cette branche, à savoir la conception, la gestion de projet et la commercialisation des nouveaux réacteurs nucléaires. Ce rapprochement, qui concerne 1 200 salariés d’Areva, doit permettre à la filière nucléaire française de présenter une offre intégrée plus cohérente, susceptible de mieux répondre aux nouveaux marchés disponibles à l’international.
Après la conclusion d’un accord dit de « partenariat stratégique global » qui reste à préciser, il est ensuite envisagé qu’EDF devienne l’actionnaire majoritaire de la filiale Areva NP (ex-Framatome) qui est en charge de la construction des réacteurs et des services aux installations existantes(2) mais également de la fabrication du combustible nucléaire(3) (étape intervenant après l’enrichissement de l’uranium). Le principe de ce projet doit être acté par Areva et EDF d’ici un mois selon l’Elysée(4).
Que restera-t-il d’Areva ?
L’État se dite prêt à recapitaliser Areva « en investisseur avisé, à la hauteur nécessaire » selon les termes de l’Élysée. Le groupe a subi une perte nette de 4,8 milliards d'euros en 2014 (son chiffre d'affaires a atteint 8,3 milliards d'euros en 2014) et aurait besoin de 6 à 7 milliards d’euros selon les estimations actuelles. Areva a déjà annoncé un plan de compétitivité s’élevant à 1 milliard d'euros d’économies incluant la suppression de 6 000 postes dans le monde(5).
Précisons qu’EDF n’est pas le seul acteur à avoir fait part de son intérêt au sujet de la restructuration d’Areva : Engie (ex-GDF Suez) et les électriciens chinois CNNC et CGN pourraient également intervenir dans les négociations sur certaines activités.
Le groupe Areva devrait quant à lui se recentrer dans le futur sur ses activités historiques Amont (conversion et enrichissement de l’uranium) et Aval (traitement-recyclage et transport des combustibles usés, démantèlement des réacteurs) ainsi que sur ses activités liées à l’exploitation de mines, à la R&D, à la propulsion nucléaire navale ou encore aux énergies renouvelables.