Bear Run est la plus grande mine de charbon « de surface » de l’est des États-Unis. (©Peabody)
Aux États-Unis, la consommation de charbon pourrait avoir atteint en 2018 son plus bas niveau depuis 1979 selon les dernières estimations de l’EIA américaine(1).
Une consommation de charbon historiquement basse
La consommation américaine de charbon pourrait avoisiner 691 millions de « short tons(2) » (soit près de 627 millions de tonnes) en 2018 selon les dernières estimations de l’EIA, ce qui correspondrait à une baisse de 4% par rapport à 2017 et de 44% par rapport au pic de consommation de 2007.
Ce déclin du « King Coal » s’explique principalement par la concurrence du gaz naturel dans le secteur électrique. Près de 93% du charbon consommé aux États-Unis entre 2007 et 2018 a en effet servi à produire de l’électricité. La compétitivité du gaz naturel, dont les prix sont restés à un niveau relativement bas depuis la croissance de la production domestique de gaz de schiste en 2007, est l’une des principales explications à la fermeture des centrales à charbon américaines selon l’EIA.
L’âge desdites centrales, les variations régionales de la consommation électrique(3) et la concurrence croissante des énergies renouvelables ont également pesé sur le déclin du charbon, explique l’EIA. Malgré l’annonce de Donald Trump de quitter l’Accord de Paris et le soutien affiché du Président à l’industrie charbonnière(4), l’agence américaine note que des réglementations environnementales, notamment les Mercury and Air Toxics Standards (MATS)(5) adoptés en 2015 (soit avant l’investiture de Donald Trump), ont également conduit à l’arrêt de nombreuses centrales à charbon.
Au total, la puissance installée du parc américain de centrales à charbon a été réduite de 17,5% en 10 ans(6). Selon l’EIA américaine, 2018 pourrait historiquement constituer « la 2e année la plus importante en matière d’arrêts de centrales à charbon » (après l’année 2015). Pour 2019, les experts américains estiment que la consommation de charbon dans le secteur électrique pourrait encore baisser de 8%.
Selon le dernier Short-Term Energy Outlook publié mi-décembre 2018 par l’EIA(7), la part du charbon dans la production américaine d’électricité pourrait baisser à 26% en 2019 (après 28% en 2018), contre 35% pour le gaz naturel.
Aux États-Unis, la consommation actuelle de charbon est approximativement inférieure de moitié à celle de gaz naturel. (©Connaissance des Énergies, d’après AIE)
Le charbon, toujours première source d’électricité au niveau mondial
Malgré la dynamique américaine, la consommation de charbon continue d’augmenter au niveau mondial selon les dernières estimations de l’Agence internationale de l’énergie (AIE) rendues publiques en décembre 2018, 3 jours après la clôture de la COP24.
Dans son rapport Coal 2018, l’AIE estime que la consommation mondiale de charbon pourrait rester stable d’ici à 2023 : la baisse de la demande envisagée aux États-Unis et en Europe mais aussi en Chine (de loin le plus grand consommateur mondial) serait globalement compensée par une forte croissance de la consommation en Inde et en Asie du Sud-Est (en raison de la disponibilité peu coûteuse de ce combustible, dans un contexte de forte hausse des besoins d’électricité) selon les prévisions de l’Agence.
Le charbon comptait encore pour 38% de la production mondiale d’électricité en 2017 selon les dernières données agrégées de l’AIE. La consommation de ce combustible serait à elle seule responsable de 40% des émissions annuelles de CO2 liées à l’énergie et à l’industrie dans le monde selon le Global Carbon Project.
La consommation de charbon des États-Unis pourrait baisser de 12,5% entre 2017 et 2023 selon l’AIE. Elle resterait toutefois très supérieure à la consommation de charbon de l'Asie du Sud-Est à cet horizon. (©Connaissance des Énergies, d’après AIE)