Prétraitement de la biomasse pour biocarburants de deuxième génération par voie biologique (©IFPEN - Patrick Chevrolat)
Présentation
IFP Energies Nouvelles (Institut Français du Pétrole et des Energies Nouvelles) est un organisme public français qui a pour mission, par le biais de la recherche et de la formation, d’encourager le développement des technologies et des matériaux du futur dans les domaines de l'énergie, du transport et de l'environnement.
Les recherches menées par IFP Energies nouvelles depuis sa création en 1944 jusqu’aux années 2000 ont exclusivement concerné les secteurs pétrolier et gazier. Aujourd’hui, la moitié des programmes de recherche sont consacrés au développement des énergies alternatives et à l’amélioration de l’efficacité énergétique (véhicules économes, hybrides et électriques, biocarburants et chimie verte, captage et stockage du CO2)(1). Afin de traduire ce changement d’orientation entamé en 2003 l'IFP a été renommé IFP Energies Nouvelles en 2010.
Son financement est mixte. Il est assuré à la fois par l'État et par des ressources propres provenant de partenaires privés français et étrangers. En 2023, le budget d'IFP Energies nouvelles est de 260 millions d'euros, dont près de 90% destiné à la recherche et au développement. La dotation budgétaire apportée par l'État était de 126,3 millions d’euros, soit légèrement moins de la moitié du budget total d'IFPEN.
Le Conseil d’administration, composé de représentants de l'État, de personnalités qualifiées et de représentants du personnel, détermine la politique générale d’IFPEN. Par ailleurs, il définit les orientations stratégiques et contrôle l'ensemble de la gestion de l’organisme.
Le Conseil scientifique donne chaque année son avis sur le programme de Recherche et Développement d'IFPEN. Il évalue également les équipes de recherche et participe à des journées thématiques sur des sujets porteurs.
Il emploie plus de 1500 salariés, a formé plus de 500 étudiants via son IFP School, et a permis la création de plus de 30 entreprises de sciences et technologies. L’IFPEN dispose de 2 établissements situés à Rueil-Malmaison en région parisienne (siège social) et à Solaize près de Lyon.
Mission, rôles et activités
Objectifs
Son objet historique est d'améliorer les techniques sur toute la chaine de valeur du pétrole et du gaz :
- exploration et de production du pétrole et du gaz : il est impliqué dans le développement de techniques d’exploration et d’extraction des hydrocarbures dans des endroits difficiles d’accès.
- processus de raffinage : il étudie les méthodes qui permettent de produire davantage de carburants et de matériaux de synthèse respectueux de l’environnement.
- diversifier les sources de carburants : il travaille sur la transformation de la biomasse, du gaz et du charbon pour optimiser la production des carburants de demain. L’hydrogène constitue également une des pistes prometteuses explorées.
Il cherche à développer des véhicules propres et économes en carburant et travaille sur la conception des véhicules peu consommateurs en énergie et sur la limitation de leur impact sur l’environnement. La recherche sur les véhicules hybrides et directement électriques devrait être un des axes stratégiques pour IFP Energies nouvelles dans les années à venir. Pour l’horizon 2025 et au-delà, de nouvelles pistes sont en cours d’étude, plus particulièrement dans les domaines des énergies marines, du stockage de l’énergie et des technologies de l’environnement et de la gestion éco-efficiente des eaux.
Enfin, il développe des procédés qui permettent de capter, de transporter et de stocker le CO2 afin de limiter sa concertation dans l’air. En matière d’énergies fossiles, des logiciels de modélisation et de caractérisation de sites potentiels d'hydrocarbures devraient être mis au point. Associés à un développement de technologies de captage et de stockage du CO2, ils pourraient permettre à IFP Energies nouvelles de faciliter l’accession à de nouvelles ressources.
Répondre aux défis technologiques de la transition énergétique
Dans un contexte de croissance de la demande énergétique mondiale, il est nécessaire de mieux utiliser les ressources en hydrocarbures existantes, découvrir de nouvelles réserves et diversifier les sources d’énergie. Des solutions doivent également être apportées au dérèglement climatique en développant l'efficacité énergétique, les énergies renouvelables ou encore les technologies pour le captage et le stockage du CO2.
Les énergies fossiles resteront incontournables pendant de nombreuses décennies encore, même si elles ne pourront répondre seules à la croissance de la demande énergétique. En particulier, dans le domaine des transports, la dépendance vis-à-vis du pétrole est très forte et une substitution massive à moyen terme n'est réaliste ni économiquement, ni technologiquement. Dans les décennies à venir, le secteur des transports verra donc coexister des sources d’énergie traditionnelles (pétrole) et un bouquet de solutions alternatives qui permettront, peu à peu, de sortir d’une dépendance quasi exclusive à l'égard des hydrocarbures.
Ce sont les nombreux défis qui se présentent actuellement aux compagnies pétrolières et gazières et à celles du secteur automobile. Ils concernent à la fois la maîtrise des technologies (production de pétrole en milieu extrême ou de ressources non conventionnelles, carburants alternatifs, nouvelles motorisations) et la capacité à gérer des projets très conséquents en termes d'investissements ou de durée, qui impliquent de nombreux partenaires culturellement différents.
Les compétences acquises dans le domaine du pétrole s'appliquent également dans le domaine voisin du gaz, qui est en pleine expansion, ainsi que dans celui des solutions alternatives. Par exemple, les compétences nécessaires pour la mise au point de carburants nouveaux à partir du gaz naturel, de la biomasse ou du charbon nécessitent une grande maîtrise des procédés du raffinage. De même, les savoir-faire pour le développement d'un gisement d'hydrocarbures s'appliquent directement pour le stockage souterrain du CO2.
L’objectif est de constituer un bouquet énergétique diversifié, pour assurer la préservation de l’environnement et la pérennité des sources d’approvisionnement afin de satisfaire la demande mondiale croissante en énergie.
Lien entre IFPEN et les industriels
IFP Energies nouvelles effectue son travail de Recherche & Développement aux côtés d’industriels. L’impératif économique est ici important : les résultats des programmes de recherche doivent correspondre aux attentes du marché. Cette association avec l’industrie s’effectue sous forme de recherches collaboratives (consortium, projets bilatéraux, etc.), de prestations ou enfin de cessions de licences en matière de procédés, logiciels et équipements.
IFP Energies nouvelles encourage également le développement de technologies innovantes en finançant des PME/PMI. IFPEN a créé, en association avec des organismes comme la Caisse des dépôts, des fonds d’investissement spécialisés dans les éco-énergies auxquels il apporte une contribution financière : Demeter, 3E (Emertec-Énergie-Environnement) et Demeter 2. Le Fonds Demeter 2, fonds commun de placement à risque de 203 millions d'euros, est par exemple dédié à l'aménagement et la construction durable ainsi qu’aux transports « propres » (notamment véhicules électriques). Plus de 50% des investissements de ce fonds devraient être faits en France(2).
Lien entre IFPEN et le monde académique
La formation est l’une des missions statutaires d’IFP Energies nouvelles. Héritière de l’École nationale supérieure du pétrole et des moteurs (ENSPM), IFP School forme chaque année des ingénieurs qui sont amenés à travailler dans le secteur de l'énergie.
IFPEN propose trois types de formations :
- la formation complémentaire de troisième cycle pour les jeunes ingénieurs qui est assurée par IFP School. Près de 600 étudiants y sont diplômés chaque année, dont 50% sont étrangers ;
- la formation continue pour les cadres et les techniciens de l'industrie avec IFP Training. C’est un organisme de formation professionnelle créé par IFPEN pour répondre aux besoins de formation des dirigeants, cadres et techniciens de l’industrie du pétrole et du gaz, de la pétrochimie et de l’industrie automobile ;
- la formation à et par la recherche : IFPEN mène une politique active de diffusion de ses connaissances auprès des administrations, de l'industrie, des techniciens et chercheurs, et plus largement, des citoyens dans le cadre des thèses de doctorats.
Dépôts de brevets
Les chercheurs d’IFP Energies nouvelles ont déposé des dizaines de milliers de brevets en France et dans le monde dont 12 600 sont encore actifs. En 2011, 172 brevets ont fait l'objet d'un premier dépôt dont 88 dans le domaine des nouvelles technologies de l’énergie. Dans ce domaine, IFPEN a travaillé notamment sur des techniques de captage du CO² ainsi que sur le développement des biocarburants et leur adaptation au kérosène.
IFP Energies nouvelles est le 11e déposant de brevets en France selon l’Institut National de la Propriété Industrielle (INPI) en 2011. Par ailleurs, IFPEN est également le 11e déposant français de brevets aux États-Unis (avec 75 brevets délivrés en 2011).
Histoire
En 1922, un Institut du pétrole est créé à Strasbourg, par arrêté ministériel. Cet Institut comprend 3 sections : chimie, géologie, exploitation. Ses ressources proviennent essentiellement d'une taxe prélevée sur chaque tonne d'huile brute extraite des « mines ».
L’Institut français du Pétrole est créé le 13 juin 1944, soit une semaine à peine après le débarquement des forces alliées en Normandie. Sa vocation est d’enseigner et de former des personnels du secteur pétrolier. Il formera la génération des techniciens d’après-guerre, en charge de la reconstruction du pays.
En 1946, l’École nationale supérieure du pétrole et des combustibles liquides (ENSPCL – créée en 1924) et l’École nationale des moteurs à combustion et à explosion (créée en 1936) sont rattachées à l'IFP. Les enseignements sont dispensés à Paris (moteurs, prospection), Toulouse (forage et production), Strasbourg (chimie) et Saint-Maur (exploitation des gisements pétroliers).
La loi relative à l’engagement national pour l’environnement (Loi Grenelle 2) a été promulguée le 13 juillet 2010. Proposée par le ministère, elle a fait l’objet du changement de l’appellation de l’IFP : cet organisme public s’appelle désormais IFP Energies nouvelles.
Les nouvelles technologies de l’énergie sont appelées à occuper une place de plus en plus importante dans l’activité d'IFP Energies Nouvelles.