L’État de New York a conclu le 20 septembre un contrat de fourniture d’électricité de 25 ans avec la société Hydro-Québec. Il s’agit du plus gros contrat d’exportation de l’histoire de l’électricien canadien et un moyen de décarboner l’approvisionnement électrique des New-Yorkais.
La consommation électrique de « plus d’un million de foyers » new-yorkais
Dans le cadre de son projet baptisé « Champlain Hudson Power Express » (CHPE), Hydro-Québec va construire une nouvelle ligne électrique enterrée de 1 250 MW de capacité, parcourant 545 km entre la frontière canado-américaine et la ville de New York(1) (et près de 60 km au Québec). La mise en service de cette nouvelle ligne électrique pourra permettre de satisfaire les besoins électriques de « plus d’un million de foyers » américains selon la société d’État québécoise(2).
Concrètement, Hydro-Québec devrait livrer annuellement près de 10,4 TWh d’électricité durant une période de 25 ans. Le Premier ministre du Québec François Legault a évoqué à ce sujet une « entente de principe de plus de 20 milliards de dollars sur 25 ans » (Hydro-Québec n’a pour sa part pas rendu publiques les conditions financières de cet accord).
Hydro-Québec « échange déjà au quotidien de l’énergie électrique avec New York depuis plus de 100 ans, que ce soit via des contrats à long terme ou des transactions à court terme », précise Yvan Cliche, spécialiste des questions énergétiques au sein du Centre d’études et de recherches internationales de l’Université de Montréal (CÉRIUM)(3). Mais le projet CHPE permettra de changer d’échelle.
Pourquoi Hydro-Québec ?
Les énergies fossiles comptent actuellement pour près de 85% des approvisionnements en électricité de l’État de New York. Or, cet État s’est fixé pour objectif de porter à 70% la part des énergies renouvelables dans l’ensemble de sa consommation d’énergie d’ici à 2030 et de disposer d’un secteur électrique « neutre en carbone » d’ici à 2040(4).
Le projet CHPE fournira l’État de New York « un approvisionnement responsable en électricité d’ici 2025 avec des ressources propres et renouvelables comme l’éolien ou l’hydroélectricité du Canada », s’est félicitée la présidente de la NYSERDA (New York State Energy Research and Development Authority), Doreen M. Harris(5).
Hydro-Québec est en effet le premier producteur d’énergie renouvelable d’Amérique du Nord : près de 99% de sa production électrique provient de ses centrales hydrauliques. Au total, le projet CHPE pourrait « contribuer à 28% de l’atteinte des objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre de la ville de New York d’ici à 2030 » selon Hydro-Québec. En d’autres termes, ce projet équivaudrait à « retirer 44% des voitures circulant dans la ville »(6).
Plus globalement, la réalisation de ce projet « accélérera l’intégration du réseau de transport d’électricité nord-américain », explique Yvan Cliche : « cette entente entre Hydro-Québec et l’État de New York préfigure ainsi la relation de plus en plus étroite qui devra se réaliser sur le plan électrique entre le Canada et son voisin américain ».