- Source : Observatoire méditerranéen de l’énergie
Les pays du bassin méditerranéen(1) comptent aujourd’hui pour près de 7% de la population et de 8% de la consommation d’énergie primaire dans le monde. Dans un scénario prudent de « laisser-faire » prenant en compte les tendances passées et les politiques actuelles, l'Observatoire méditerranéen de l'énergie (OME) envisage un doublement de la consommation d’énergie dans les pays de la rive Sud de la Méditerranée (et un triplement de celle d’électricité) d’ici à 2040. Une perspective peu compatible avec les attentes de la COP21(2).
Dans cette synthèse, l’OME présente un scénario de « transition énergétique pour la Méditerranée » à l’horizon 2040, élaboré avec l’Agence méditerranéenne des agences nationales de maîtrise de l'énergie (MEDENER) et l'Ademe. Ce scénario repose sur une prise en compte plus importante des actions d’efficacité énergétique et sur un développement soutenu des énergies renouvelables. Il pourrait, selon l'OME, permettre de limiter à 7% la hausse de la demande d’énergie primaire du bassin méditerranéen entre 2013 et 2040.
Les trajectoires seront très contrastées entre les deux rives de la Méditerranée : au Nord, la demande d’énergie primaire a déjà diminué de 4% entre 2010 et 2013 alors qu’elle a augmenté de 6% sur cette période dans les pays de la rive Sud. La croissance démographique est en outre bien plus forte dans les pays du Sud(3). Dans ces derniers, le scénario de transition énergétique prévoit tout de même une hausse de 55% de la consommation d’énergie à l’horizon 2040 (par rapport à 2013).
Le scénario parie sur une baisse des énergies fossiles dans la consommation méditerranéenne d’énergie primaire (avec un part de 64% en 2040 contre 76% en 2013) et une hausse de la contribution des énergies renouvelables (27% du mix en 2040 contre 11% actuellement). Les principaux moteurs du développement des énergies renouvelables seraient les énergies solaire et éolienne, alors que la biomasse et l’hydraulique ont traditionnellement été davantage exploitées dans cette région. Les pays du Sud de la Méditerranée présentent en particulier un fort potentiel en matière de solaire thermique pour la production d’eau chaude domestique et de solaire thermodynamique (CSP) pour la production d’électricité.
Les actions d’efficacité énergétique constituent un fil rouge du scénario de transition énergétique pour la Méditerranée. D’importantes économies d’énergies sont en particulier attendues dans les bâtiments qui comptent actuellement pour 35% de la consommation d’énergie finale de ces pays. Le scénario retient notamment pour hypothèse un potentiel d’économies d’énergie de 40% pour les bâtiments neufs remplaçant les bâtiments actuels et de 10% à 15% pour ceux faisant l'objet d'une rénovation.
Précisons que MEDENER et l’OME vont poursuivre leurs travaux portant sur le scénario de transition énergétique à l’horizon 2040 et en présenter de nouveaux résultats lors de la COP22 qui se tiendra à Marrakech en novembre 2016.
Sources / Notes
- Correspondant ici à un grand ensemble de 25 pays, situés tant sur la rive Nord (incluant des pays de l’Union européenne comme l’Espagne, l’Italie ou la France mais aussi d’autres pays plus au sud comme la Macédoine ou la Serbie) que sur la rive Sud (aussi bien à l’ouest comme les pays du Maghreb qu’à l’est comme le Liban, la Jordanie ou la Turquie).
- L’Accord de Paris conclu en décembre 2015 fixe pour objectif de limiter le réchauffement climatique mondial à 2°C d’ici à 2100 par rapport aux températures préindustrielles.
- La population de l’ensemble du bassin méditerranéen pourrait augmenter de 105 millions d’habitants entre 2013 et 2040 selon les prévisions actuelles.