L'interconnexion électrique France/Espagne à travers les Pyrénées

Tunnel interconnexion France Espagne

Le tunnel sous les Pyrénées a été creusé en même temps côté français et côté espagnol jusqu’à la rencontre des tunneliers en avril 2013. Les câbles électriques sont installés sur les parois de la galerie. (©RTE)

L'interconnexion électrique a été inaugurée en février 2015 entre la France et l’Espagne et permet d’augmenter sensiblement les échanges d’électricité entre les deux pays. Le projet a nécessité des travaux de grande ampleur.

Présentation

La ligne électrique a été construite par la société Inelfe (Interconnexion Electrique France-Espagne), détenue à 50% par RTE et à 50% par son homologue espagnol REE. Elle mesure 64,5 km de long et est entièrement souterraine. Un tunnel de 8,5 km et de 3,5 m de diamètre a notamment été creusé sous le massif des Albères pour réaliser l’interconnexion.

Les travaux se sont terminés fin 2014.

Cette dernière est au total la plus longue au monde à ce niveau de puissance devant une ligne électrique au Japon de 40 km de long.

Tracé interconnexion France Espagne

Tracé de l'interconnexion électrique France/Espagne (©RTE)

Le courant va circuler entre la France et l’Espagne à une tension de 320 000 volts. Il transitera en régime continu pour des raisons technico-économiques (le courant continu est généralement préféré au courant alternatif dans le cas de lignes souterraines ou sous-marines de plus de 50 km comme ici).

Des stations de conversion du courant continu en courant alternatif sont situées à chaque extrémité de l’interconnexion. Elles sont composées chacune de 2 halls de convertisseurs de 4 000 m2 et de 20 m de haut. Le courant sera converti avec la technologie VLC (Voltage Source Converter) qui permettra d’inverser très rapidement le sens des échanges électriques entre la France et l’Espagne (de l’ordre de 50 millisecondes).

Un doublement de l’interconnexion France/Espagne

En 2014, la France avait importé 2,9 TWh d’Espagne et exporté 6,5 TWh vers ce pays. C’était près de deux fois moins que les échanges d’électricité entre la France et la Belgique ou entre la France et l’Allemagne. Cela est principalement dû à des capacités d’interconnexion jusqu’ici limitées.

Cette contrainte a été en partie écartée grâce à la nouvelle interconnexion électrique mise en service entre Baixas en Pyrénées-Orientales et Santa Llogaia en Catalogne. D’une capacité de 1 400 MW, elle a permis de doubler l’interconnexion entre la France et l’Espagne et la porter ainsi à 2 800 MW(1). Cela correspondait à l'époque à près de 2,7% de la puissance installée du parc électrique espagnol(2) (et 2,2% de la puissance du parc électrique français(3)). 

A l’horizon 2020, la Commission européenne préconise que les États membres bénéficient d’une interconnexion électrique d’au moins 10% de leur capacité installée(4).

Capacités d'interconnexion électrique de la France

Capacités d'interconnexion électrique de la France (©RTE)

Une meilleure stabilité des réseaux électriques

De par sa situation géographique, l’Espagne est plus isolée que la France. Cette nouvelle interconnexion permet de mieux intégrer les électriciens ibériques au marché européen de l’électricité. Elle constitue également une condition pour continuer à développer les énergies renouvelables dans des conditions de sécurité optimisées selon les opérateurs de réseaux. En Espagne, 23,2% de la production électrique en 2014 a été générée à partir de ses parcs éoliens (20,1%) et photovoltaïque (3,1%).

Les porteurs du projet précisent que l’interconnexion électrique peut être davantage utilisée en direction de la France en hiver pour couvrir les pics de consommation. En été, ces flux d’électricité pourraient s’inverser en direction de l’Espagne afin de satisfaire entre autres les besoins de climatisation dans ce pays.

Rappelons que 34 pays possèdent des interconnexions électriques entre eux en Europe. L’interconnexion électrique France/Espagne doit en définitive servir à constituer un réseau électrique européen plus intégré. Au niveau local, la ligne doit également permettre d’alimenter la Ligne à Grande Vitesse. Le passage des TGV absorbe une forte consommation d’électricité, ce qui peut provoquer des chutes de tension sur le réseau si celui-ci manque de puissance selon RTE, le gestionnaire du réseau de transport électrique français.

Financement en partie par des aides européennes

Sur les 700 millions d’euros d’investissements dans ce projet d’interconnexion, près de 50% ont été consacrés aux deux stations de conversion. Dans le cadre du programme EEPR (European Energy Program for Recovery), l’Union européenne a apporté un financement de 225 millions d’euros au projet, déclaré « d’intérêt européen ».

La Banque européenne d’investissement a par ailleurs apporté un prêt de 350 millions d’euros pour la construction de l’interconnexion.

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