La dernière centrale à charbon de ce grand pays s'arrête aujourd'hui...

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Centrale de Ratcliffe-on-Soar (©Uniper)

Centrale de Ratcliffe-on-Soar (©Uniper)

La dernière centrale à charbon du Royaume-Uni va produire de l'électricité pour la dernière fois ce 30 septembre. La fin d'une ère.

142 ans d'activité des centrales à charbon

Située dans le Nottinghamshire (centre de l'Angleterre), la centrale de Ratcliffe-on-Soar s'arrête ce lundi après 57 années d'activité et met par la même occasion un terme à une histoire de 142 ans entre l'Angleterre et la production d'électricité à partir du charbon : la première centrale à charbon au monde a ouvert dans ce pays en 1882 (Holborn Viaduct).

Deux repères pour réaliser le temps écoulé : lors de la mise en service de la centrale d'Holborn Viaduct outre-Manche, la tour Eiffel n’existait pas encore dans le paysage parisien(1) et les lois Jules Ferry sur l’école marquaient l’actualité française en pleine Troisième République.  

Le charbon a joué un rôle essentiel durant la Révolution industrielle et au sein du mix électrique du Royaume-Uni, dans lequel ce combustible comptait encore pour près de 40% en 2012. Mais au charbon s’est peu à peu substitué le gaz naturel dans le mix électrique britannique, aidé entre autres un prix plancher du carbone en vigueur affectant la compétitivité du premier. 

Centrale de Ratcliffe-on-Soar

Le début de la construction de la centrale de Ratcliffe-on-Soar a débuté en 1963. La première unité a été opérationnelle en 1967, avant une mise en service complète de la centrale en 1970. (©Uniper)

Un arrêt du charbon avancé d'un an

En 2017, le gouvernement britannique avait fixé pour objectif, après une grande consultation, de fermer les 6 dernières centrales à charbon encore en activité dans le pays d’ici à octobre 2025. En juin 2021 (quelques mois avant la tenue de la COP26 à Glasgow), cette ambition a été avancée d'un an, soit à octobre 2024.

C'est donc chose faite (après la fermeture de Ratcliffe-on-Soar, suivant celle des sites de West Burton en 2023, Drax en 2021, Alerthaw et Fiddlers Ferry en 2020). Et les Britanniques deviennent les premiers membres du G7 à « sortir du charbon », avant la France où les dernières fermetures ont été repoussées.

En 2023, les filières bas carbone toutes cumulées (éolien, solaire, biomasse, hydroélectricité, nucléaire) ont compté pour plus de 55% de la production britannique d'électricité, indique National Grid ESO, même si le gaz naturel reste encore la première source nationale d'électricité (32% en 2023), devant l'éolien (29,4%) et le nucléaire (14,2%).

Centrale de Ratcliffe-on-Soar

La centrale de Ratcliffe-on-Soar avait une capacité de près de 2 GW lui permettant de satisfaire les besoins en électricité de près de 2 millions de foyers britanniques selon l'exploitant Uniper. (©Uniper)

Quid de la suite ?

Fin juillet 2024, le nouveau gouvernement britannique (travailliste) a lancé son plan visant à faire du Royaume-Uni une « superpuissance des énergies vertes ». Celui-ci s'appuie en particulier sur la création d'une société publique d'investissement, Great British Energy (GBE), qui doit entre autres permettre de développer 20 à 30 GW de nouvelles capacités éoliennes offshore d'ici à 2030. 

Le pays prévoit de « décarboner totalement » le secteur électrique d'ici à 2035, en s'appuyant sur le déploiement des filières bas carbone. Signalons toutefois, qu'en considérant l'ensemble de la consommation d'énergie primaire au Royaume-Uni, les énergies fossiles comptaient encore pour 77% du mix britannique en 2022 (contre 87% en 2010).


Vue du mix électrique britannique et des émissions de CO2 en temps réel (actualisation toutes les 30 minutes, source : National Grid ESO)

Précisons également que l'intensité carbone moyenne de la production électrique britannique reste par ailleurs bien supérieure à celle en France (149 g CO2/kWh en 2023, contre 32 g de CO2eq/kWh en 2023 selon RTE).

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