Selon le scénario de référence de l'EIA, le charbon pourrait encore compter pour près d'un cinquième de la consommation mondiale d'énergie primaire en 2050. Ici la mine de charbon de Shoal Creek. (©Peabody)
L’EIA américaine (Energy Information Administration) a publié le 6 octobre son International Energy Outlook 2021(1) dans lequel elle présente ses prévisions d'ici à 2050. Elle envisage entre autres une très forte hausse de la consommation mondiale d'énergie dans son scénario de référence et un mix toujours largement carboné au milieu du XXIe siècle.
La consommation mondiale d'énergie pourrait augmenter « de presque moitié » d'ici 2050
La consommation mondiale d’énergie primaire pourrait « augmenter de presque moitié entre 2020 et 2050 » malgré l’impact de la pandémie de Covid-19 et les progrès attendus en matière d’efficacité énergétique, estime l’EIA dans son scénario de référence (« tendances énergétiques futures » sur la base des réglementations en vigueur et politiques annoncées). Cette forte hausse de la demande s'expliquerait principalement par une forte croissance économique (prévision de croissance de 2,8% par an au niveau mondial, provenant en particulier des pays asiatiques en développement) et démographique (prévision de hausse de la population mondiale de presque 2 milliards d’habitants durant cette période(2)).
L’EIA estime, toujours dans son scénario de référence , que la consommation mondiale d’énergies renouvelables pourrait plus que doubler entre 2020 et 2050, grâce à une baisse des coûts des technologies et aux politiques incitatives de nombreux pays. Mais ces différentes filières renouvelables combinées ne compteraient toutefois que pour près de 27% de la consommation mondiale d’énergie primaire en 2050. À cet horizon, les carburants liquides (pétrole et biocarburants), le gaz naturel et le charbon pourraient pour leur part encore compter pour 68,8% de ce mix énergétique mondial (contre 80,7% en 2020)(3).
Une hausse de la consommation mondiale de charbon d'ici à 2050
Plus qu’une transition énergétique des sources d’énergie les plus carbonées vers des sources bas carbone, c’est une hausse généralisée de la demande de toutes les énergies qu’esquisse l’EIA. Même la consommation mondiale de charbon pourrait, après une baisse de la demande entre 2025 et 2030, augmenter d'ici la moitié du XXIe siècle (+ 13,6% entre 2020 et 2050).
La production mondiale de pétrole et de gaz naturel « continuera de croître, principalement pour satisfaire l'augmentation de la consommation d'énergie dans les économies asiatiques en développement », estime par ailleurs l'EIA dans son scénario de référence(4). Avec une réserve de taille : « pour répondre à la demande croissante, les pays devront s'appuyer sur une exploration accrue (pour identifier les ressources), une augmentation des forages (pour disposer de nouvelles réserves prouvées) et des progrès technologiques (pour atteindre de meilleurs rendements de production) ».
L'EIA prévoit par ailleurs une augmentation de deux tiers de la production mondiale d'électricité (injectée sur des réseaux) d'ici la moitié du XXIe siècle dans son scénario de référence. En 2050, les filières renouvelables pourraient compter pour 56% de cette production totale (contre 28% en 2020) : le solaire photovoltaïque deviendrait la première source d'électricité à cet horizon (24,2% du mix électrique de 2050, contre 3,3% en 2020) mais le charbon serait encore la deuxième source (19,3%), devant le gaz naturel (17,4%) et l'éolien (16,3%). La production nucléaire pourrait quant à elle augmenter de « seulement » 15% entre 2020 et 2050 (comptant à cet horizon pour 7,2% du mix électrique mondial).
Au total, les émissions mondiales de CO2 liées à l’énergie pourraient, par rapport au niveau de 2020, augmenter de 5% dans les pays développés de l’OCDE et de 35% dans les autres pays d'ici à 2050 selon l’EIA.
Précisons que le scénario de référence « prend en considération des évolutions d’infrastructures (annonces de nouvelles constructions ou d’arrêts) et des progrès technologiques sur la base des tendances historiques ». Il ne prévoit en revanche pas par essence de possibles ruptures technologiques (ni d'importants changements de politique, ni d'événements économiques ou géopolitiques majeurs). Un mince espoir, à quelques semaines de la COP26.