Distillerie Roseisle de whisky à Elgin, Ecosse (©photo)
Après deux années de recherche, une équipe de scientifiques écossais dirigée par Martin Tangey, directeur du Centre de recherche de l'Université Napier d'Edimbourg, a mis au point un biocarburant fabriqué à partir de dérivés du whisky.
La transformation du whisky en biobutanol
Le biobutanol est fabriqué à partir de la fermentation des sucres présents en grande quantité dans deux sous produits découlant de la fabrication du whisky : le « pot ale », résidu liquide restant dans les alambics de cuivre après la première distillation, et le « draff » issu du brassage d'orge et d'eau.
Cette découverte suscite un intérêt légitime au moment où certains biocarburants dits de 1re génération peuvent être controversés. Le biodiesel, fabriqué à partir d’huile de tournesol ou de colza et le bioéthanol produit à partir de céréales ou de betterave, sont parfois considérés comme responsables d’utiliser des terrains destinés à l’agriculture.
Le biobutanol utilise des déchets et ne nécessite donc pas de culture particulière. Il se classe parmi les biocarburants dits de 2e génération. Autre atout, il possède un pouvoir calorifique supérieur à celui de l'éthanol (34 MJ/kg contre 27 MJ/kg) et présente également l’avantage de se mélanger à l’essence ou au gazole sans avoir recours à des modifications sur les moteurs. Les scientifiques à l’origine de cette découverte estiment qu’il pourrait potentiellement permettre d’alimenter les avions en carburant.
L’Ecosse au premier plan d’une industrialisation
La production de ce biocarburant s’effectue à partir de résidus inutilisables pour la fabrication du whisky. L’Ecosse pourrait donc profiter de ce marché en pleine expansion pour devenir, outre le premier producteur de whisky au monde, un producteur important de biocarburant.
Sachant que les ventes de whisky à l'export ont bondi d'environ 45% sur les dix dernières années, ces perspectives laissent entrevoir de beaux jours à ce marché complémentaire. En cas de succès, pourrait se poser la question de savoir si à long terme, le potentiel énergétique de la distillation du whisky ne pourrait pas inverser la tendance et devenir moteur d’une surproduction de boisson sur son marché initial.
Encore bien loin de ce scénario et malgré les apparences, cette découverte est à considérer avec sérieux. L’université qui a déposé le brevet pour cette découverte devrait d’ailleurs créer une société « spin out » pour commercialiser ce nouveau biocarburant prochainement.