Selon l'AIE, la consommation mondiale de pétrole en 2020 pourrait chuter de 9% par rapport à 2019, « retournant au niveau de 2012 ». (©BHP)
Le système énergétique mondial connaît, avec l’épidémie de Covid-19, « son plus grand choc depuis plus de sept décennies », souligne l’Agence internationale de l’énergie (AIE) dans un rapport spécial publié le 30 avril(1).
Une chute de la consommation énergétique et des émissions de CO2 associées
Au 1er trimestre 2020, la consommation mondiale d’énergie primaire a baissé de 3,8% par rapport au 1er trimestre 2019. Les émissions de CO2 liées à l’énergie ont pour leur part été réduites de 5% durant cette période.
Sur l’ensemble de l’année 2020, l’AIE estime, en prenant pour hypothèse « une levée progressive des mesures de confinement(2) dans la plupart des pays au cours des prochains mois », que :
- la consommation mondiale d’énergie primaire pourrait baisser de 6%(3) par rapport au niveau de 2019. Cette chute équivaudrait au « niveau de consommation annuelle de l’Inde, 3e principal consommateur d’énergie au monde ». La chute de la demande énergétique en 2020 devrait être plus marquée dans les économies développées (- 9% aux États-Unis et - 11% selon les projections de l’AIE) ;
- la consommation mondiale d’électricité pourrait plus particulièrement chuter de 5% par rapport à 2019 (ce qui correspondrait, selon l'AIE à « la plus forte baisse depuis la Grande Dépression » dans les années 1930) ;
- les émissions mondiales de CO2 liées à l’énergie pourraient baisser de presque 8% par rapport à 2019. Elles atteindraient dans ce cas leur plus bas niveau depuis 2010. L’AIE appelle à ne pas se féliciter de cette baisse, les émissions étant susceptibles de connaître un important rebond par la suite, comme après la crise financière de 2008.
Les émissions mondiales de CO2 liées à l'énergie pourraient chuter d'environ 2,6 milliards de tonnes en 2020 selon les estimations de l'AIE. (©Connaissance des Énergies, d'après AIE)
Un impact particulièrement fort pour les énergies fossiles
La situation sanitaire et économique a, selon l’AIE, particulièrement impacté les énergies fossiles et s'est accompagnée d'« un virage vers des sources d’électricité bas carbone comme l’éolien, le solaire photovoltaïque, l’hydroélectricité et le nucléaire »(4).
En 2020, la consommation mondiale de pétrole pourrait chuter de près de 9% par rapport à 2019. En avril 2020, la consommation mondiale a en particulier baissé de 29 millions de barils par jour par rapport au niveau d’avril 2019, tombant à « un niveau jamais vu depuis 1995 ». Après 10 ans de croissance ininterrompue, la consommation de gaz naturel pourrait quant à elle diminuer de 5% en 2020 par rapport à 2019 selon les estimations de l’AIE.
Fin mars 2020, l'activité de transport routier était en moyenne moitié moins importante qu'en 2019 au niveau mondial. L'activité aérienne était pour sa part en chute de 60% selon l'AIE. (©Connaissance des Énergies, d'après AIE)
La consommation de charbon est encore plus touchée que celle de pétrole : en Chine, pays qui compte pour plus de la moitié de la demande mondiale de ce combustible, elle a chuté de 8% dès le 1er trimestre 2020 (par rapport à 2019). Au niveau mondial, elle pourrait baisser dans des proportions similaires sur l’ensemble de l’année 2020 (et diminuer jusqu’à plus de 10% pour la production d’électricité des centrales au charbon par rapport au niveau de 2019).
Seules les filières renouvelables productrices d'électricité pourraient progresser en 2020 « grâce à une injection prioritaire de leur production sur les réseaux et des faibles coûts de fonctionnement ». Hors électricité, le bilan pour les énergies renouvelables est bien moins favorable, avec une chute substantielle de la consommation de biocarburants. Précisons que la production nucléaire pourrait quant à elle chuter de 3% en 2020 selon l’AIE (après avoir atteint un niveau record en 2019).
Au-delà de ces prévisions portant sur l’année 2020, « il est encore trop tôt pour déterminer les impacts de long terme mais le secteur énergétique qui sortira de cette crise sera sensiblement différent de celui ayant précédé » l'épidémie, affirme le directeur exécutif de l’AIE Fatih Birol.
Au 1er trimestre 2020, la consommation mondiale d'énergie renouvelable a augmenté de 1,5% par rapport au 1er trimestre 2019 (portée par la production électrique d'origine renouvelable). Sur l'ensemble de l'année 2020, elle pourrait être en hausse de 1% selon les estimations de l'AIE. (©Connaissance des Énergies, d'après AIE)