Schématisation du procédé Optalysis (©Biométhodes)
La société de biotechnologie Biométhodes a reçu, début octobre, un financement de 722 000 euros de la part d’OSEO, organisme de soutien des PME innovantes. Cette aide accompagne le développement d’un procédé permettant de produire des composés à partir de biomasse pouvant remplacer les dérivés pétrochimiques. Installée au Génopôle d’Evry(1), dans l’Essonne, l’entreprise Biométhodes a déjà été primée en juillet 2011 par le concours Chemstart’up(2).
Un procédé plus efficace
Biométhodes doit cet intérêt à son procédé, baptisé Optalysis, qui permet le raffinage total de la biomasse lignocellulosique(3) (bois, déchets végétaux agricoles, forestiers ou issus de l’agrochimie) en composés chimiques aptes à remplacer les carburants et dérivés pétrochimiques (notamment utilisés pour fabriquer du nylon, du plastique, etc.). Ledit procédé minimise, entre autres, le coût de production des biocarburants de deuxième génération. L’exploitation de la biomasse lignocellulosique présente l’intérêt de ne pas interférer avec la production alimentaire, contrairement à la première génération de biocarburants (qu’il est également possible de synthétiser avec le procédé Optalysis).
Biométhodes fait valoir le fait que son procédé permet d’optimiser différentes phases :
- le prétraitement chimique de la lignocellulose : délignification et décristallisation de la cellulose (la PME dispose d’une licence exclusive sur deux brevets de l’université américaine de Virginia Tech) ;
- l’usage de cellulases, les enzymes qui permettent de décomposer la cellulose (par hydrolyse) pour produire les composés chimiques renouvelables.
Le prétraitement de la cellulose la rend beaucoup plus sensible à l’action desdites enzymes, qui sont moins nombreuses que dans les procédés antérieurs. Le coût de l’hydrolyse de la cellulose est réduit et sa durée est divisée par trois.
Un terrain d’expérimentation propice
Biométhodes entend développer ce procédé sur trois usines pilotes, une en cours de construction(4) en Virginie du Sud aux Etats-Unis deux en France encore en projet.
Les Etats-Unis constituent un terrain privilégié pour le développement des biocarburants. En 1999, il n’y avait qu’une seule unité de production de biodiesel dans le pays. Fin 2010, le pays se trouve largement en tête des pays producteurs de bioéthanol, avec 187 installations dédiées et plus de 51 milliards de litres de capacités de production(5). Ce développement s’explique par la volonté du gouvernement américain d’atteindre l’indépendance énergétique en 2050. Dans cette optique, le pays souhaite renforcer sa production de biodiesel et développer massivement les biocarburants de seconde génération.
Outre Atlantique, l’Union européenne s’est fixé comme objectif une part de 10% de carburants renouvelables dans les transports d’ici à 2020. Contrairement aux Américains qui demandent à Biométhodes d’accentuer ses efforts sur les biocarburants, l’Europe privilégie le développement de son procédé pour la production d’éléments chimiques, précise la PME.
Les déchets végétaux, issus de l’agriculture et de l’exploitation des forêts, offrent ainsi de nouvelles perspectives économiques. « Aujourd'hui, traiter les déchets coûte de l'argent aux agriculteurs. Demain, cela sera une source de revenu importante » estime Gérard Amsallen, directeur de Biométhodes.
Comparaison du procédé Optalysis et des procédés classiques (©Biométhodes)