Vents porteurs pour le groupe Goldwind, le champion du boom chinois de l'éolien

  • AFP
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Goldwind est un champion du boom de l'énergie éolienne en Chine et un fer de lance de l'expansion tous azimuts des technologies vertes chinoises à l'international, un débouché rendu crucial face à une surproduction devenue endémique, suscitant les inquiétudes des pays occidentaux.

Voici quelques éléments sur ce groupe qui publie vendredi ses résultats annuels.

Débuts pionniers

Goldwind est originaire des vastes étendues arides de l'ouest de la Chine, où une entreprise nommée Xinjiang Wind Energy a construit son premier parc d'éoliennes dans les années 1980.

Ingénieur devenu entrepreneur, Wu Gang transforme l'entreprise, baptisée Goldwind en 1998. "Goldwind était là dès le début", alors que la Chine "n'était pas encore une puissance industrielle", explique à l'AFP Andrew Garrad, cofondateur du cabinet britannique spécialisé Garrad Hassan.

M. Garrad, dont l'entreprise fournit à l'époque des solutions technologiques à plusieurs start-ups chinoises dans l'éolien, dont Goldwind, se souvient d'une visite de M. Wu à Bristol au début des années 1990.

Les deux entrepreneurs passent trois jours à négocier la vente d'un logiciel. "Il n'avait pas un sou, logeant à l'auberge de jeunesse, partageant une chambre avec cinq personnes", se souvient M. Garrad.

Après ces débuts modestes, Goldwind allait connaître un succès retentissant, s'imposant comme leader mondial en termes de technologies et capacités installées.

444 GW opérationnels

Si la Chine est un acteur majeur de l'éolien depuis la fin des années 2000, ce n'est que ces dernières années qu'elle s'est installée au premier rang mondial, avec aujourd'hui 444 GW opérationnels, soit environ 44% des capacités éoliennes installées du globe.

Et les fermes éoliennes en construction ou pré-construction dans le pays doivent lui permettre de doubler ses capacités, selon Global Energy Monitor.

Enfin, d'après BloombergNEF, six des sept premiers fabricants mondiaux d'éoliennes sont chinois, avec Goldwind en première place.

Certes, la croissance des groupes chinois est principalement tirée par la demande intérieure, grâce aux politiques environnementales et au soutien financier de Pékin.

Un rapport de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) a montré en janvier que les fabricants chinois d'éoliennes recevaient depuis des décennies des subventions publiques nettement supérieures à celles des pays membres de l'OCDE.

De quoi favoriser une surchauffe du secteur... et des surcapacités amenées à se déverser sur les marchés à l'exportation.

Péril des surcapacités, virage vers l'international

Avec la maturation du marché chinois, une réduction des subventions publiques et l'assombrissement de la conjoncture, Goldwind s'est tourné vers l'étranger.

En 2023, l'entreprise supprime "Xinjiang" de son nom officiel, se dissociant de cette région où Pékin est accusé de violations des droits humains contre la minorité musulmane ouïghoure... et un signe de son ouverture accrue à l'international.

Les groupes chinois dans l'éolien progressent notamment dans les pays émergents et en développement, souligne à l'AFP Lauri Myllyvirta, analyste du Research on Energy and Clean Air (CREA).

Leur percée est aidée par le fait que "les fabricants occidentaux ont été pénalisés par des perturbations des chaînes d'approvisionnement et le renchérissement des coûts en raison de la pandémie et de l'invasion russe de l'Ukraine", explique-t-il.

Les marchés émergents liés aux "nouvelles routes de la Soie" promues par Pékin offrent de meilleures perspectives, complète Endri Lico, analyste chez Wood Mackenzie.

"La force chinoise réside dans sa taille (...) et son contrôle stratégique sur les chaînes d'approvisionnement nationales et les ressources en matières premières", insiste M. Lico.

Inquiétudes des Occidentaux

Les pays occidentaux s'alarment de l'afflux d'exportations chinoises bon marché déstabilisant les fabricants locaux, comme Vestas au Danemark ou GE Vernova aux États-Unis, et dénoncent l'avantage jugé inéquitable des subventions de Pékin.

En avril 2024, l'UE a annoncé enquêter sur ces subventions étatiques aux groupes chinois dans l'éolien.

"Nous ne pouvons pas laisser les problèmes de surcapacité en Chine perturber le marché européen de l'énergie éolienne", insiste Phil Cole, directeur des affaires industrielles de la fédération WindEurope.

"Sans production européenne et sans chaîne d'approvisionnement européenne solide, nous perdrons notre capacité à produire les équipements dont nous avons besoin et, in fine, notre énergie et notre sécurité nationale", estime-t-il.

Pour autant, "hors de Chine, le marché des éoliennes reste très diversifié", tempère M. Myllyvirta.

"Et cela perdurera si les pays préoccupés par le risque d'une dépendance excessive à l'égard de la Chine assurent des conditions propices à l'augmentation des capacités des fournisseurs non chinois", fait-il valoir.

Les marchés occidentaux restent des bastions pour les acteurs locaux, "en raison de leur ancrage de longue date, de préoccupations en matière de sécurité énergétique, et de politiques protectionnistes", abonde M. Lico.

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