Venezuela: ministre du Pétrole, un poste sensible et à hauts risques

  • AFP
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Cinq des huit derniers ministres du Pétrole du Venezuela, qui dispose des plus grandes réserves d'or noir, sont soit en fuite soit en prison, accusés de corruption ou de trahison dans un secteur miné par les scandales a répétition.

La dernière tête à tomber : Pedro Tellechea, longtemps porté aux nues par le pouvoir et qui cumulait les postes de ministre du Pétrole et président du géant public Petroleos de Venezuela (PDVSA). Arrêté il y a une semaine, il est accusé d'avoir remis "le cerveau" - le système automatisé de l'entreprise - à une société "contrôlée par les services de renseignements" des États-Unis, l'éternel ennemi du pouvoir de Nicolas Maduro.

Après sa capture, M. Maduro a renouvelé sa promesse de lutter contre les "corrompus" et les "traîtres", "peu importe qui".

- Ramirez, le rouge et le noir

Rafael Ramirez a été le premier ministre du Pétrole de l'ère Maduro, héritier désigné de Hugo Chavez (président de 1999 jusqu'à sa mort en 2013). Confident de Chavez, il avait pris en main le ministère en 2002 ainsi que PDVSA en 2004, après la grève historique au sein de l'entreprise dont le but était de chasser Chavez du pouvoir.

"Le nouveau PDVSA est rouge", s'était alors félicité M. Ramirez devant les travailleurs de PDVSA, en référence aux couleurs du chavisme.

"PDVSA est une caisse noire", estime toutefois Ivan Freites, syndicaliste pétrolier exilé aux États-Unis, qui souligne "l'opacité" du secteur.

"Il n'y a pas de contrôle, personne n'ose dénoncer (ce qui se passe) et ceux qui osent le faire sont morts, bannis ou emprisonnés", précise-t-il.

Quatre syndicalistes du pétrole ont été assassinés entre 2015 et 2020, selon le rapport d'une ONG.

Ministre des Affaires étrangères et ambassadeur à l'ONU, avant de rompre avec Nicolas Maduro et de devenir un de ses critiques les plus virulents, M. Ramirez s'est à son tour retrouvé dans la tourmente avec deux hommes de son entourage : ses successeurs au ministère et à la présidence de PDVSA, Eulogio Del Pino et Nelson Martinez, arrêtés en 2017.

Accusé par le parquet d'être responsable d'un système de corruption au sein de PDVSA qui a coûté au pays quelque 45 milliards de dollars, M. Ramirez a réussi à prendre la fuite et vit désormais en Italie, tandis qu'Eulogio Del Pino est toujours incarcéré et que Nelson Martinez est mort en prison en 2018.

- El Aissami, le tsar de Maduro

Tareck El Aissami a pris ses fonctions en 2020 en promettant de "nettoyer" PDVSA après les affaires de corruption de l'ère Ramirez.

C'était un homme du cercle proche de Nicolas Maduro, dont il a été vice-président (2017-2018). "Les corrompus et les traîtres étaient à nos côtés (...) il ne m'est jamais venu à l'esprit qu'ils pourraient me trahir", a lancé M. Maduro quand le scandale El Aissami a éclaté en 2023.

M. El Aissami avait succédé à la tête du ministère au général Manuel Quevedo (2017-2020) et Asdrubal Chavez (2014-2016) qui ne sont visés par aucune enquête. En revanche, Tareck El Aissami croupit lui en prison.

Largement diffusées par le pouvoir, ses photos menotté avec des policiers cagoulés sont le symbole de sa chute mais aussi de la corruption du secteur.

M. El Aissami ainsi que plusieurs de ses conseillers ou proches sont accusés d'avoir détourné plus de 17 milliards dans le cadre de la vente de pétrole brut par le biais de crypto-actifs, un mécanisme mis en place pour tenter de contourner les sanctions américaines et l'embargo pétrolier.

Selon M. Freites, des "organisations criminelles" s'étaient emparées du contrôle du secteur pétrolier.

- Tellechea, agent de la CIA? -

Après l'arrestation de Tareck El Aissami, Pedro Tellechea a repris le portefeuille en mars 2023, promettant lui aussi de "nettoyer" le secteur. Il était déjà président de PDVSA depuis janvier de la même année.

Aujourd'hui, le colonel de 48 ans ainsi que "ses plus proches collaborateurs" sont en prison, accusés d'avoir divulgué des informations à la CIA.

Quelques semaines auparavant, M. Maduro le félicitait pour le redressement la production pétrolière tombée à 400.000 barils par jour (bj) en 2020 et passée à 900.000 bj en 2024 avec l'objectif de revenir vers les années fastes (3,5 millions de bj).

M. Tellechea avait déclaré démissionner en raison de problèmes de santé, trois jours avant son arrestation dans un contexte de crise politique après la réélection contestée de M. Maduro.

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