Ukraine: quatre morts dans des frappes russes massives sur les sites énergétiques

  • AFP
  • parue le

Des frappes "massives" de missiles et drones russes ont visé les infrastructures énergétiques de l'Ukraine lundi, faisant au moins quatre morts et obligeant les autorités à introduire des coupures de courant.

Selon Kiev, 15 régions d'Ukraine ont été visées par cette campagne de bombardements russes, la plus importante depuis plusieurs semaines avec, selon Volodymyr Zelensky, "plus de 100 missiles de types divers et une centaine de (drones) Shahed".

"Nous pourrions faire beaucoup plus pour protéger des vies si l'aviation de nos voisins européens travaillait ensemble avec nos (chasseurs) F-16 et avec nos défenses anti-aériennes", a réagi le président ukrainien sur Telegram.

De son côté, le ministère russe de la Défense a indiqué avoir mené une "frappe massive" contre des sites énergétiques "permettant le fonctionnement du complexe militaro-industriel de l'Ukraine". "Toutes les cibles ont été atteintes", a-t-il assuré sur Telegram.

Ces attaques surviennent alors que l'Ukraine mène depuis le 6 août une vaste offensive transfrontalière dans la région russe de Koursk, où, dit-elle, ses troupes continuent de progresser.

"Les terroristes russes ont une nouvelle fois pris pour cible les infrastructures énergétiques. Malheureusement, il y a des dégâts dans un certain nombre de régions", a déclaré le Premier ministre ukrainien, Denys Chmygal.

Le distributeur d'énergie national Ukrenergo a procédé à des coupures d'électricité d'urgence pour stabiliser le réseau, tandis que les liaisons ferroviaires ont été perturbées.

A Kiev, la capitale, des habitants se sont réfugiés dans les stations de métro souterraines ou dans les allées couvertes, ont constaté des journalistes de l'AFP.

"C'est très, très dur", explique Svitlana Kravtchenko, 51 ans, rencontrée dans une station de métro du centre-ville au milieu d'une centaine d'autres personnes.

"Personne ne pensait que la Russie, qui était autrefois notre soeur, nous causerait tant de chagrin", se lamente-t-elle, en se disant inquiète de finir par "s'habituer à la peur".

- "On s'y habitue" -

Après deux ans et demi de guerre, les alarmes anti-aériennes retentissent fréquemment sur le territoire ukrainien.

La dernière attaque meurtrière sur la capitale date du 8 juillet, où un missile russe avait touché un centre pédiatrique, faisant une quarantaine morts.

"Je m'y suis habituée. Même si c'est terrible, on s'y habitue", confie, dépitée, Lioudmila Pchenitchna, 58 ans, entourée de personnes adossées aux murs de la station de métro.

Sa petite fille de huit ans, dit-elle, dort dans les couloirs de la maison, par crainte des explosions.

Dans le souterrain, nombreux sont ceux qui naviguent sur leurs téléphones portables à la recherche d'informations.

- Energie en ligne de mire -

Lundi matin, certains logements de Kiev étaient sans électricité.

Les infrastructures énergétiques ont également été touchées dans la région occidentale de Lviv, ont fait savoir les autorités sur Telegram.

"L'ennemi terrorise à nouveau l'ensemble de l'Ukraine avec ses missiles. Le secteur de l'énergie est dans sa ligne de mire", a déclaré le ministre de l'Energie, Guerman Galouchtchenko.

Les coupures de courant d'urgence imposées par le fournisseur d'énergie ont brièvement immobilisé les trains dans le pays.

"Tous les trains ont été temporairement arrêtés en raison de pannes de courant après une attaque ennemie de grande envergure", a expliqué Ukrzaliznytsia, l'exploitant national des chemins de fer.

- Arme longue portée -

Au total, au moins quatre morts ont été dénombrés lundi dans l'ouest et le sud de l'Ukraine, selon les responsables ukrainiens.

Deux personnes ont été tuées dans la région de Jytomyr et de Volhynié, dans l'ouest, une autre dans celle de Dnipropetrovsk, dans le sud-est, et une quatrième dans la région méridionale de Zaporijjia.

Les frappes ont aussi fait au moins 20 blessés, selon les autorités.

Une autre personne a aussi été tuée lundi matin par un projectile russe dans la région de Kharkiv (est), d'après les responsables locaux, mais on ignore à ce stade si cette mort est liée à cette vague de bombardements sur les infrastructures énergétiques ukrainiennes.

Dans le passé, l'Ukraine a déjà pressé ses alliés européens d'établir une zone d'exclusion aérienne dans l'ouest de son territoire via des systèmes de défense déployés en Pologne et en Roumanie voisines, pour créer un sanctuaire où industries, infrastructures énergétiques et populations civiles seraient protégés.

Lundi, le Premier ministre ukrainien et le chef de cabinet de la présidence ont tous deux aussi réitéré l'importance de pouvoir utiliser des armes occidentales à longue portée contre la Russie.

Les partenaires de Kiev refusent pour le moment.

"C'est nécessaire", a martelé Andriï Iermak, le chef du cabinet du président sur Telegram, expliquant que cela "accélérera la fin de la terreur russe".

Dimanche, une frappe imputée à l'armée russe a aussi touché une équipe de Reuters dans son hôtel à Kramatorsk (est de l'Ukraine), tuant un conseiller sécurité et blessant deux journalistes, selon l'agence de presse.

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