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Le Luxembourg et l'Autriche, à la suite de l'Allemagne, ont réaffirmé vendredi leur farouche opposition à l'inclusion du nucléaire dans la labellisation des énergies "vertes" de l'UE, espérant être rejoints par Berlin pour poursuivre en justice, le cas échéant, le projet de la Commission.
"L'inclusion du nucléaire enverrait le mauvais signal. Ce n'est pas économique et ce n'est pas une énergie de transition non plus, cela prend trop de temps", a déclaré à l'AFP Carole Dieschbourg, ministre luxembourgeoise de l'Environnement en marge d'une rencontre à Amiens avec ses homologues européens.
Réunis depuis jeudi, les ministres des Vingt-Sept discutent du projet dévoilé fin décembre par la Commission européenne ("taxonomie verte"), qui classe comme "durables" les investissements dans les centrales nucléaires et à gaz, afin de faciliter le financement des activités contribuant à réduire les gaz à effet de serre.
Les États membres ont jusqu'à ce vendredi pour réclamer des modifications, avant publication du texte final. Des risques sécuritaires en passant par l'incertaine gestion des déchets, "il y a des raisons juridiques (de s'opposer à l'inclusion du nucléaire). Ca serait du greenwashing. Nous saluerions une participation de l'Allemagne à l'action en justice" qu'envisagent le Luxembourg et l'Autriche, a déclaré Mme Dieschbourg.
Inclure l'atome "n'est pas acceptable pour nous, cela affecterait la crédibilité de la taxonomie. Il serait trompeur d'appeler +durables+ des énergies qui ne le sont pas, qui ne sont pas sûres, qui n'ont pas résolu les problèmes du passé, trop chères et trop lentes pour contrer le changement climatique", a renchéri la ministre autrichienne de l'Environnement Leonore Gewessler.
Interrogée par l'AFP, elle a réaffirmé la volonté de l'Autriche d'"engager une action en justice" aux côtés du Luxembourg "si la Commission continuait dans cette voie", rappelant que "la discussion est intense dans de nombreux pays".
Réaction prudente du secrétaire d'Etat allemand Stefan Tidow: "Pour l'heure, nous travaillons sur notre réponse (au projet), puis la Commission présentera un nouveau texte, que nous analyserons juridiquement", a-t-il souligné. Berlin juge cependant le nucléaire "ni durable, ni économique" et s'oppose à son inclusion.
Après analyse des observations des États, la Commission doit publier "rapidement" son texte final sur la taxonomie, qui sera considéré définitivement adopté quatre mois plus tard, sauf rejet par une majorité simple au Parlement européen ou par une majorité qualifiée de 20 États.
Ce seuil paraît actuellement hors de portée: une douzaine d'États soutiennent l'inclusion de l'atome, dont la France, confrontée à un mur d'investissements pour relancer sa filière nucléaire, source d'énergie stable et décarbonée, parallèlement aux énergies renouvelables intermittentes.
Des pays d'Europe centrale, comme la Pologne, qui doivent remplacer leurs polluantes centrales à charbon par des centrales à gaz, défendent aussi le texte.