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La situation s'est rétablie progressivement en Guadeloupe dans la nuit de vendredi à samedi, près de 20 heures après une coupure électrique généralisée, selon la préfecture, qui a décidé de maintenir l'archipel sous couvre-feu jusqu'à 06H00 du matin, heure locale, "afin de garantir la sécurité et la tranquillité".
Samedi matin, les équipes d'EDF ont indiqué que l'électricité avait été rétablie chez "126.000 clients", soit 55% des personnes touchées, selon un point réalisé à 02H00 (06H00 GMT).
"Au total, 104.000 clients sont encore privés d'électricité", a ajouté l'énergéticien, précisant que la réalimentation électrique des foyers "sera progressive pour assurer la stabilité du réseau électrique".
"La situation reste fragile et le retour à la normale devrait prendre plusieurs heures, durant la nuit et jusqu'à demain (samedi)", avait souligné la préfecture vendredi soir, précisant avoir procédé "à la réquisition des salariés dont les fonctions sont nécessaires au fonctionnement de la centrale" EDF, qui fournit la quasi-totalité de l'électricité sur le territoire de près de 380.000 habitants.
Le préfet Xavier Lefort a accusé "des salariés grévistes" de s'être introduits à 08H30 (14H30 à Paris) dans la salle des commandes de la centrale Jarry et d'avoir "provoqué l'arrêt d'urgence de l'ensemble des moteurs".
Ces derniers auraient procédé à la coupure des moteurs "après la convocation par la direction d'un de (leurs) chefs, peut-être en vue d'un licenciement", ont indiqué des grévistes à une correspondante de l'AFP.
- "Sabotage" -
Le président du département, Guy Losbar, s'est dit, "particulièrement indigné par les graves conséquences du black-out général (...) suite au sabotage opéré dans la salle des commandes de la centrale thermique EDF-PEI de Jarry", dans un communiqué diffusé vendredi soir.
"Aucune revendication salariale, aussi légitime soit-elle, ne saurait justifier de tels agissements aux conséquences catastrophiques", a écrit M. Losbar, qui "en appelle à la responsabilité et au bon sens des parties en présence dans ce conflit".
Les forces de l'ordre ont dû intervenir vendredi à 09H00 (15H00 à Paris), "afin de sécuriser la centrale EDF après les actions commises par certains de ses salariés", a aussi rappelé la préfecture.
Dans la nuit, plusieurs faits de violences urbaines (barricades et poubelles brûlées) ont été constatés dans différentes communes de l'archipel, a appris l'AFP auprès de la gendarmerie.
Un conflit social oppose depuis plusieurs semaines la branche énergie de la CGT et la direction d'EDF Production électrique insulaire (PEI) dans le territoire.
Sur l'archipel, l'annonce de cette coupure généralisée avait provoqué une certaine inquiétude, concernant notamment la distribution de l'eau et le fonctionnement de l'hôpital.
"Les réseaux de téléphonie mobile sont en mode très dégradé", a signalé la préfecture, évoquant également une interruption de la distribution d'eau dans plusieurs communes, touchant "30% de la population globale dont 80% de la Grande Terre".
Les établissements de santé fonctionnent eux sur leurs groupes électrogènes, a-t-elle ajouté.
- "Autonomie de 72 heures" -
Dès la constatation de la coupure, "les équipes de maintenance ont activé les groupes électrogènes sur l'ensemble des sites concernés", avait indiqué le Centre Hospitalier de la Guadeloupe (CHUG) dans un communiqué.
"Les unités critiques de l'hôpital disposent d'une autonomie de 72 heures", a poursuivi le CHUG.
Dans un supermarché du Gosier, près de Pointe-à-Pitre, des habitants poussaient des chariots avec plusieurs packs d'eau et certaines marques manquaient déjà dans les rayons, peu après le début de la coupure générale d'électricité, mais rien de comparable aux instants qui précèdent l'arrivée d'un ouragan, a constaté une correspondante de l'AFP.
A Jarry, poumon économique de l'archipel, certaines enseignes ont rapidement fermé, selon une autre correspondante.
Le mouvement social, qui dure depuis le 15 septembre, porte sur la mise en oeuvre d'un accord signé début 2023, après deux mois de grève des mêmes agents, qui réclamaient une mise en conformité de leurs contrats et de leur rémunération avec le droit du travail, notamment cinq ans d'arriérés de salaires non versés.
Il avait depuis provoqué des coupures d'électricité affectant jusqu'à environ 100.000 foyers.
Lundi dernier, la direction d'EDF PEI avait proposé la signature d'un accord que la fédération de l'énergie de la CGT Guadeloupe a refusé, un dernier point d'achoppement portant sur le mode de calcul des congés payés.
La Guadeloupe est une zone non interconnectée, ce qui signifie qu'elle doit produire elle-même son électricité pour satisfaire la demande sur le territoire. Sa production électrique dépend à près de 70% de l'énergie thermique: du fioul pour EDF et des granulés de bois pour la société Albioma qui fonctionnait encore au charbon jusqu'en juillet.
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