- AFP
- parue le
La Hongrie, accusant l'Ukraine voisine d'entraver le transit par son territoire du pétrole russe destiné notamment à Budapest, a demandé lundi à l'UE d'intervenir, aux côtés de la Slovaquie également concernée.
Ce pays d'Europe centrale enclavé, sans accès à la mer, bénéficie d'une exemption à l'embargo pétrolier européen décrété après le lancement de l'offensive par Moscou et continue à recevoir du brut russe via l'oléduc Droujba, qui approvisionne aussi la République tchèque et la Slovaquie.
Mais depuis plusieurs semaines, Kiev bloque les livraisons du géant Loukoïl, qui fournit "un tiers des importations hongroises de pétrole", selon le chef de la diplomatie Peter Szijjarto.
Cette décision est "inacceptable et incompréhensible" et "pose une grave menace à la sécurité énergétique de la Hongrie et de la Slovaquie", a-t-il déclaré à la presse, à l'issue d'une réunion avec ses pairs à Bruxelles.
Si des "mesures temporaires" ont été prises, la situation n'est pas tenable "à moyen et long terme", a averti le ministre.
Avec la Slovaquie, la Hongrie a donc "sollicité le lancement de consultations" par la Commission européenne dans un délai de trois jours afin de mettre fin à ce que Budapest et Bratislava qualifient de "violation de l'accord d'association UE-Ukraine".
Le Premier ministre slovaque Robert Fico avait également fustigé ce week-end le durcissement par Kiev des sanctions à l'encontre de Loukoïl, "un autre exemple" à ses yeux des mesures "absurdes qui font avant tout du mal à certains membres de l'UE".
Faute de règlement à l'amiable, un tribunal arbitral pourrait être mis en place.
Tout en entretenant des relations tendues avec Kiev, le dirigeant nationaliste hongrois Viktor Orban est le seul dirigeant de l'UE à avoir maintenu, malgré la guerre, des liens de proximité avec le Kremlin, notamment dans le domaine énergétique.
Il a provoqué la colère de ses partenaires en se rendant début juillet à Moscou pour rencontrer le président Vladimir Poutine, alors même que son pays occupe la présidence semestrielle du Conseil de l'UE.
Face à cette "initiative de paix" menée sans la moindre concertation, la Commission européenne a annoncé que ses commissaires boycotteraient les multiples réunions prévues en Hongrie jusqu'à la fin de l'année. L'institution sera représentée durant ces événements "uniquement au niveau des hauts fonctionnaires".
L'UE étudie par ailleurs la possibilité de snober une réunion des ministres des Affaires étrangères prévue fin août à Budapest.
bur-ros-anb/clc