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Le directeur général en Afrique de l'Est du fournisseur français de carburant Rubis a été expulsé du Kenya, selon la ministre de l'Énergie du pays touché depuis une dizaine de jours par une pénurie de carburant créant de longues files d'attente aux stations-service.
Interrogée jeudi lors d'une conférence de presse sur une possible expulsion de Jean-Christian Bergeron, évoquée la veille par des sources au ministère de l'Intérieur, la ministre Monica Juma a déclaré, sans plus de détails : "Il n'y a rien de nouveau à ajouter. Il est parti la nuit dernière."
Dans un communiqué publié jeudi après-midi, le groupe Rubis a indiqué, sans plus de détails, que le patron de Rubis Energy Kenya avait "rejoint le siège à Paris pour faire un point complet sur la situation de la filiale".
Mercredi, deux sources au sein du ministère de l'Intérieur avaient déclaré à l'AFP qu'un ordre d'expulsion était signé à l'encontre du patron de Rubis. L'une d'elles avait justifié cette décision par des accusations de "sabotage économique". "La crise du carburant dans le pays est créée par des distributeurs d'essence exportant du carburant destiné au marché local, et Rubis a joué un large rôle là-dedans", avait ajouté cette source.
Le groupe français affirme de son côté qu'"en aucun cas", il "n'a augmenté ses ventes à l'export au détriment de la fluidité du marché kenyan". Mettant en avant "des circonstances exceptionnelles", Rubis juge que sa filiale "fait ses meilleurs efforts pour approvisionner le marché et fait preuve de toute la transparence requise par rapport aux autorités".
« Profits anormaux »
Face à l'augmentation des prix, le gouvernement kenyan a décidé de "subventionner le différentiel de prix aux distributeurs d'essence", mais le "reversement" se fait "avec des délais rallongés", et avec "les ruptures de stock de plus en plus importantes" dans les stations des distributeurs indépendants kenyans, "la pression sur les distributeurs internationaux comme Rubis" est "renforcée", a déploré le groupe français.
Rubis est un important acteur des produits pétroliers au Kenya, avec selon son site internet 230 stations-service sous les enseignes Rubis, Gulf Energy, Kenol et Kobil. L'entreprise gère également des dépôts de carburant au Kenya de même qu'au Burundi, au Rwanda et en Ouganda.
Devant la presse, Mme Juma n'a à aucun moment prononcé le nom de Rubis ou de son directeur, mais a dénoncé les pratiques de "certains" distributeurs, les accusant d'être à l'origine de la pénurie tout en assurant que le pays disposait de stocks suffisants. "Certains acteurs ont (...) détourné des chargements destinés à l'usage domestique pour les exporter dans la région afin d'améliorer encore davantage leurs profits anormaux", a-t-elle dit. "Le gouvernement ne tolérera aucune entité ou personne qui cause des difficultés en créant soit des problèmes artificiels, soit du stress", a-t-elle prévenu.
La ministre a également accusé certains distributeurs de vendre plus cher que le prix plafonné à la pompe et de faire de la rétention de stock, dans l'attente de voir si les prix seraient réévalués jeudi par les autorités kényanes lors de leur revue mensuelle, au regard de la hausse du marché mondial du pétrole.
Peu après son discours, l'autorité kényane de régulation de l'énergie et du carburant (EPRA) a annoncé une hausse à la pompe de 9,90 shillings kényans (7 centimes d'euros) par litre de carburant, à 144,62 shillings kényans pour l'essence et 125,50 pour le diesel.
Depuis le début de la pénurie de carburant, dans les premiers jours d'avril, gouvernement et fournisseurs s'en renvoient mutuellement la responsabilité. Les fournisseurs accusent le gouvernement d'importants arriérés dans le versement des subventions, affirmant attendre ces paiements de l'État depuis quatre mois. Jeudi, Mme Juma a déclaré que le gouvernement était en possession de ces montants et allait les verser "rapidement".