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Le réacteur EPR construit par le français Areva en Finlande a enfin reçu le feu vert pour le chargement du combustible nucléaire avant un démarrage commercial en vue l'an prochain, avec plus de douze ans d'un feuilleton de retards.
L'autorité finlandaise de sûreté nucléaire (STUK) a donné vendredi son autorisation pour ce chargement dans le réacteur Olkiluoto 3 (OL3), synonyme de prochains premiers essais "à chaud". Une étape majeure pour ce chantier miné par les retards et les dérives financières.
Le chargement du combustible démarrera "avant la fin du mois de mars", a annoncé de son côté le groupe nucléaire français Areva SA, responsable de ce très long chantier sur une île dans le sud-ouest de la Finlande.
Confiée au départ à un consortium entre l'ex-fleuron français et l'allemand Siemens, la construction de l'EPR finlandais avait commencé en 2005. C'était le premier réacteur de ce type a être construit et le symbole de ce qui devait être à l'époque une "renaissance" de l'atome civil, restée depuis largement lettre morte.
L'EPR finlandais a connu des délais et surcoûts considérables. Il devait initialement être mis en service en 2009, en plus de deux réacteurs existants à Olkiluoto dans le sud-ouest de la Finlande, mais sa production commerciale régulière n'interviendra que l'an prochain.
Le planning a été affecté dernièrement par des problèmes techniques mais aussi par la pandémie de Covid-19.
Dans son permis d'autorisation de chargement de l'uranium, la STUK estime que l'EPR "remplit les exigences de sûreté qui ont été fixées".
Le chargement du combustible, qui prendra une semaine environ, signifie que Olkiluoto 3 (OL3) "est désormais un réacteur nucléaire", s'est félicité l'exploitant TVO, saluant "l'étape la plus importante dans la mise en service de la centrale jusqu'à présent".
- discussions en cours -
La dernière mise en service d'un réacteur en Finlande, qui comprend quatre réacteurs actifs pour environ 30% de sa production totale d'électricité, remonte à 1980.
"Il y a encore des choses devant nous mais nous sommes proches de la fin", s'est réjoui le PDG de TVO Jarmo Tanhua lors d'une conférence de presse.
Après les essais, la prochaine étape doit être en octobre la connexion au réseau d'électricité, avant la mise en service commerciale toujours prévue en février 2022, a-t-il expliqué.
Cette date avait été communiquée par l'énergéticien en août dernier, lors de l'annonce d'un nouveau retard de plus d'un an.
Cette longue série de délais qui s'est étendue sur plus d'une décennie a créé de fortes tensions entre TVO et Areva.
Le contentieux s'est soldé en 2018 par un accord coûteux pour la partie française: Areva SA devait verser 450 millions d'euros à TVO en compensation.
L'accord prévoyait aussi un malus supplémentaire de 20 millions d'euros par mois de retard au-delà de la fin 2019. Mais ces dernières pénalités sont actuellement renégociées.
"C'était fondé en 2018 sur des hypothèses de planning qui ont depuis bougé. Du coup il y a eu besoin de rouvrir des discussions", explique une source proche d'Areva SA.
Le feu vert au chargement "va apporter un peu de confiance" et "faciliter les discussions", estime-t-on.
Issue de l'ancien groupe Areva, dont les activités principales ont par ailleurs donné naissance à Orano et Framatome (filiale d'EDF), Areva SA est une structure publique dont le but essentiel est d'achever ce chantier finlandais.
L'enjeu est plus globalement de s'assurer que le groupe dispose des moyens financiers d'achever la construction de l'EPR. Or le groupe a besoin de se renflouer.
L'Etat lui a déjà racheté 4% de sa participation dans Orano en février et pourrait en acquérir plus pour l'aider financièrement.
En Europe, un autre EPR est en construction par EDF à Flamanville dans le nord-ouest de la France, un chantier là aussi plombé par des retards considérables.
La France, championne mondiale de l'atome, envisage la construction de nouveaux exemplaires mais ne se décidera qu'après la prochaine élection présidentielle de 2022.
Deux autres sont également en chantier au Royaume-Uni, qui envisage d'en commander deux supplémentaires.
Deux autres EPR sont par ailleurs déjà en fonctionnnement en Chine, les premiers à avoir démarré dans le monde, en 2018 et 2019.
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