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Un réacteur nucléaire EPR a démarré mercredi à Taishan en Chine, une première mondiale pour cette technologie française qui a connu de nombreux déboires.
"L'EPR de Taishan vient d'avoir sa première réaction en chaîne et donc de démarrer", a annoncé sur Twitter Xavier Ursat, directeur Ingénierie et Projets nouveau nucléaire chez EDF. "C'est une excellente nouvelle pour l'ensemble de la filière nucléaire", a-t-il ajouté.
Cette étape très symbolique était attendue puisque le chargement du combustible avait débuté en avril, l'autorité de sureté chinoise ayant donné son autorisation. Ce réacteur nommé Taishan 1 doit désormais monter en puissance très progressivement et subir des tests avant d'être raccordé au réseau électrique. Cette mise en service commerciale prendra sans doute encore plusieurs semaines.
À Taishan (sud), un autre EPR doit aussi être mis en service courant 2019.
EDF est actionnaire à hauteur de 30% de la coentreprise chargée de construire et d'exploiter les deux réacteurs dans la province chinoise du Guangdong. Les groupes chinois CGN et Guangdong Yudean sont actionnaires respectivement à hauteur de 51% et de 19%. La date de démarrage de ces deux réacteurs a été repoussée à plusieurs reprises mais l'exemplaire chinois est finalement le premier à démarrer dans le monde.
Retards
Conçu pour fonctionner pendant 60 ans, l'EPR se fonde sur la technologie des réacteurs à eau sous pression, la plus utilisée dans le monde. Il offre une puissance très élevée (1 600 mégawatts) et bénéficie d'une multiplication des systèmes de sauvegarde censés le rendre plus sûr.
Plusieurs EPR sont aussi en construction, en France, à Flamanville (Manche), en Finlande et au Royaume-Uni. Mais les chantiers ont connu d'importants problèmes, avec une litanie de retards et de surcoûts.
Le tout premier chantier avait été lancé à Olkiluoto (Finlande) en 2005, pour le compte de l'électricien TVO, avec Areva et Siemens directement maîtres d'oeuvre. Mais la mise en service est désormais prévue en mai 2019, avec dix ans de retard.
Le deuxième est celui de Flamanville, pour lequel EDF vient encore d'annoncer fin mai envisager "quelques mois" de retard supplémentaires. Le chargement du combustible et son démarrage sont officiellement prévus à la fin de l'année, pour une mise en service commercial en 2019, soit déjà sept ans de retard. Le coût du projet a aussi triplé pour atteindre 10,5 milliards d'euros. Mais le calendrier et la facture pourraient encore souffrir de défauts de soudures sur des tuyauteries révélés en avril.
L'EPR a aussi été retenu pour un projet de deux réacteurs à Hinkley Point en Angleterre, avec la mise en service d'un premier exemplaire en 2025 au mieux. Mais là encore EDF craint des retards et des surcoûts.
Dans ce contexte difficile, le démarrage de Taishan apparaît comme une bonne nouvelle très attendue pour le fleuron tricolore, qu'EDF espère exporter auprès de nouveaux clients. L'Inde envisage notamment de construire six réacteurs de cette technologie et le groupe français espère aussi pouvoir vendre des EPR à l'Arabie Saoudite.
La Chine pourrait aussi être tentée par de nouvelles tranches d'EPR mais la concurrence est rude pour cet énorme marché. Des réacteurs l'AP1000 de l'américain Westinghouse y sont aussi en chantier et surtout la Chine construit son propre réacteur de troisième génération, Hualong-1.
EDF, qui travaille à une version moins chère de l'EPR, espère enfin pouvoir en construire de nouveaux exemplaires en France. "Ce n'est ni la priorité, ni dans les tuyaux", avait cependant déclaré en début d'année le ministre de la Transition écologique et solidaire, Nicolas Hulot, alors que le pays veut réduire sa dépendance à l'atome.