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Le gouvernement bulgare a décidé mercredi de donner la priorité à son seul site nucléaire existant, à Kozlodoui (nord), abandonnant de facto le projet d'une deuxième centrale nucléaire dans la même région, à Béléné.
Un nouveau réacteur va être construit à Kozlodoui en utilisant l'équipement qui avait été livré par la Russie pour Béléné, a annoncé la ministre de l'Énergie, Temenoujka Petkova. "Toutes les conditions techniques sont réunies", a-t-elle estimé, selon une déclaration retransmise à la télévision.
La centrale de Kozlodoui, dont la construction remonte à l'époque soviétique, dispose actuellement de deux réacteurs en fonctionnement (5 et 6), à eau pressurisée. Les unités 1 à 4, jugées obsolètes, avaient été fermées en 1998 et 2006 sur demande de Bruxelles, qui en avait fait une des conditions de l'adhésion de la Bulgarie à l'UE.
Pour bâtir le nouveau réacteur, le gouvernement a retenu la proposition américaine d'"une solution hybride", qui combinerait les équipements russes déjà fournis et des technologies de la compagnie américaine Westinghouse. Aucun détail n'a été révélé sur le coût du projet, qui devrait être opérationnel d'ici dix ans, selon le Premier ministre Boïko Borissov.
Lancé dès 1987 et suspendu à plusieurs reprises pour des raisons politiques et de rentabilité, Béléné a vu la construction d'une coûteuse plateforme, qui était censée accueillir deux réacteurs. Son avenir reste désormais incertain. Sept groupes, dont le chinois CNNC, le russe Rosatom avec le français Framatome et l'américain General Electric, et le sud-coréen KHNP, avaient déposé en août 2019 des offres pour achever la centrale de Béléné.
Mais les autorités ont changé de cap, sur fond de critiques des États-Unis. Lors d'une visite à Sofia en octobre dernier, le sous-secrétaire d'État américain Francis Fannon avait dénoncé le projet qui avait, selon lui, des visées politiques, comme d'autres programmes énergétiques russes.
Largement liée à la Russie en matière d'énergie, la Bulgarie cherche à diversifier ses sources. Si le prolongement sur son territoire du gazoduc TurkStream, projet phare de Moscou et Ankara, lui a valu les critiques américaines, le pays a commencé simultanément à recevoir du gaz azéri via la Grèce.