Montré du doigt sur le nucléaire, l'Iran s'assoit à la table des Européens

  • AFP
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L'Iran tient vendredi à Genève des pourparlers sur le nucléaire avec la France, l'Allemagne et le Royaume-Uni, trois pays particulièrement critiques sur ce dossier de Téhéran, dont le programme monte en puissance avec de "nouvelles centrifugeuses".

Paris, Berlin et Londres, associés à Washington, sont à l'origine d'un texte condamnant la semaine dernière le manque de coopération supposé de l'Iran sur le nucléaire, lors d'une réunion de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA).

En riposte, Téhéran a annoncé mettre en service de "nouvelles centrifugeuses avancées" pour son programme nucléaire.

Les autorités n'ont toutefois jamais fermé la porte à des discussions.

Le représentant iranien Majid Takht-Ravanchi doit rencontrer dès jeudi le numéro deux de la diplomatie européenne, Enrique Mora, avant le début vendredi des pourparlers.

Ils se dérouleront à quelques semaines du retour en janvier à la Maison Blanche de Donald Trump, artisan d'une politique dite de "pression maximale" à l'encontre de l'Iran durant son premier mandat (2017-2021).

Pour Téhéran, le but des discussions est d'éviter une situation "doublement désastreuse" qui placerait l'Iran de nouveau face à la "pression maximale" des Etats-Unis avec en plus celle des Européens, indique à l'AFP le politologue Mostafa Shirmohammadi.

Pour l'heure, "l'Iran n'a pas les Européens de son côté, en raison d'une série d'allégations dont un soutien militaire à la Russie dans sa guerre contre l'Ukraine", souligne M. Shirmohammadi depuis Téhéran.

L'Iran, qui rejette catégoriquement ces accusations, espère ainsi arrondir les angles avec les Européens. Tout en faisant preuve de fermeté.

- "Quatre à six mois" -

Le chef de la diplomatie iranienne, Abbas Araghchi, a évoqué mardi la mise en service de "plusieurs milliers de centrifugeuses perfectionnées" en Iran.

M. Araghchi, qui a supervisé en 2015 les négociations sur le nucléaire entre son pays et les grandes puissances, n'a pas précisé le calendrier.

Selon le porte-parole de l'Organisation atomique iranienne, Behrouz Kamalvandi, le processus complet peut prendre de "quatre à six mois".

Les centrifugeuses sont des machines qui enrichissent l'uranium transformé en gaz, en le faisant tourner à très grande vitesse, permettant l'augmentation de la proportion de matière fissile isotope (U-235) pour différentes utilisations.

L'adoption à l'AIEA d'un texte critique a provoqué l'ire de l'Iran qui estimait avoir fait preuve de "bonne volonté" en accueillant quelques jours plus tôt son chef, Rafael Grossi, sur deux sites nucléaires.

La résolution a une portée symbolique à ce stade, mais il s'agit pour Téhéran de la seconde mise en garde du gendarme onusien du nucléaire, après celle de juin.

Le texte rappelle l'Iran à ses "obligations légales", en vertu du Traité de non-prolifération (TNP) ratifié en 1970.

Le TNP fait obligation aux Etats signataires de déclarer et placer leurs matières nucléaires sous le contrôle de l'AIEA.

- Décret religieux -

En 2015, l'Iran avait conclu à Vienne un accord avec la France, l'Allemagne, le Royaume-Uni, la Chine, la Russie et les Etats-Unis pour encadrer son programme nucléaire.

Le texte prévoyait en contrepartie un allègement des sanctions internationales contre Téhéran.

Mais en 2018, Donald Trump a retiré unilatéralement son pays de l'accord -- auquel se conformait Téhéran, selon l'AIEA -- et rétabli de lourdes sanctions à l'encontre de l'Iran.

En représailles, Téhéran a considérablement augmenté ses réserves de matières enrichies et porté le seuil à 60%, proche des 90% nécessaires pour fabriquer une arme atomique, en vertu de la définition de l'AIEA.

L'accord sur le nucléaire, désormais coquille vide que des négociations ont échoué à ranimer et qui arrivera à échéance en octobre 2025, plafonnait ce taux à 3,67%.

Téhéran défend un droit au nucléaire à des fins civiles mais nie vouloir se doter d'une bombe atomique, ce que soupçonnent les pays occidentaux.

L'ayatollah Ali Khamenei, au pouvoir depuis 1989 et ultime décideur dans les dossiers sensibles du pays, a interdit dans un décret religieux (fatwa) tout recours à l'arme atomique.

Selon l'AIEA, l'Iran est le seul Etat non doté d'armes nucléaires à enrichir de l'uranium jusqu'au niveau élevé de 60%, tout en continuant à accumuler d'importants stocks d'uranium.

Les bases du programme nucléaire iranien remontent à la fin des années 1950, lorsque les Etats-Unis avaient signé un accord de coopération civile avec le dirigeant iranien d'alors, Mohammad Reza Pahlavi.

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