Mini-réacteurs nucléaires : Calogena demande l'homologation de sa chaudière

  • AFP
  • parue le

La start-up nucléaire Calogena a annoncé mardi avoir déposé sa demande d'homologation pour son projet de chaudière alimentée au combustible d'uranium et destinée à fournir du chauffage urbain décarboné.

Un réacteur de 30 MW thermiques

À l'heure où des start-up ambitionnent de développer de petits réacteurs (SMR en anglais pour small modular reactors, NDLR), le groupe Gorgé spécialisé dans la défense sous-marine franchit une "étape majeure" en déposant "son dossier d'option de sûreté (DOS) auprès de l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN)", le gendarme des installations nucléaires.

Il s'agit de "l'aboutissement de la phase de revue préparatoire avec l'ASN, au cours de laquelle les équipes de Calogena ont présenté les principales caractéristiques" de ce réacteur de 30 MW thermiques, selon son communiqué.

Cette étape marque le début d'un processus de pré-instruction qui peut prendre environ "deux ans" et peut ensuite déboucher sur l'examen de la demande d'autorisation de création (DAC) de l'installation nucléaire, dont la durée est de "3 ans avec une possibilité de prolongation de 2 ans", a indiqué l'ASN à l'AFP, confirmant le dépôt du dossier de Calogena.

Calogena propose un projet qui s'appuie sur les technologies éprouvées "des réacteurs de recherche de type piscine bien connus des autorités de sûreté" et qui utilisera "un combustible disponible commercialement et bénéficiant d'une filière de retraitement existante", selon le communiqué de Calogena et de Gorgé.

Le projet le plus proche d'un « SMR de série »

L'innovation se veut surtout "commerciale": "on vise une application qui est très simple, le chauffage", a indiqué à l'AFP le directeur général de Calogena, Julien Dereux.

Ce réacteur qui a vocation à être implanté près des centres urbains sera doté d'une "multitude de barrières de sûreté" excluant "la possibilité de fusion du coeur", a-t-il précisé. Le concept : un réacteur moins puissant que ceux actuellement présents sur le territoire, "150 fois plus petit qu'un réacteur (de nouvelle génération) EPR", selon M. Dureux.

Contrairement aux réacteurs dédiés à la production d'électricité, celui de Calogena permettra de fournir du chauffage bas carbone via les réseaux de chaleur aujourd'hui encore très dépendants des énergies fossiles.

Le groupe s'appuie sur un marché du chauffage urbain "en plein développement, représentant un potentiel de plusieurs dizaines de milliards d'euros en Europe", en particulier du Nord et de l'Est, selon le communiqué du groupe qui étudie plusieurs options d'implantation en France et en Finlande. "Calogena est aujourd'hui le SMR français le plus proche de commercialiser un premier réacteur de série", a-t-il avancé.

Avant lui, seul le projet Nuward porté par l'électricien national EDF avait déposé un dossier d'option de sûreté, en juillet 2023, suivi du projet de la start-up Jimmy, passée directement à la phase de dépôt d'une DAC en avril dernier.

EDF a depuis annoncé cet été revoir les plans de Nuward pour travailler à un autre "design". Selon EDF, "un nouveau calendrier est en cours d'élaboration pour déterminer quand un nouveau DOS révisé pourra être soumis à l'ASN".

Commentaires

Hagel
La société Calogena a raison de viser le chauffage urbain, carc'est dans ce domaine que le petit réacteur nucléaire est pertinent, n'en déplaise à EDF qui voit toujours trop grand dans ce domaine. Cependant la bureaucratie française est capable de ne pas valider ce projet au bout de 2 longues années d'"instruction"!
ant
Une question pour l'ignare que je suis : quelqu'un sait-il pourquoi Jimmy a déposé une DAC sans déposer une DOS préalablement, comme c'est le chemin habituel ? C'est possible ? Est-ce qu'ils devront déposer une DOS ensuite malgré tout ? J'ai du mal à saisir ces subtilités des procédures.
Didier
Le Dossier d'Options de Sûreté (DOS) se concentre sur les options de conception et les principes de sûreté, tandis que la Demande d'Autorisation de Création (DAC) est une demande d'autorisation qui inclut des détails techniques et réglementaires pour la construction d'une installation nucléaire. Ces deux dossiers sont normalement complémentaires dans le processus d'approbation d'un projet nucléaire, la DAC étant formalisée après le DOS. J'ai du mal à comprendre que Jimmy n'ai pas fourni de DOS ?
daphné
Etude du dossier "dépot d'option de sureté" DOS: 2 ans Etude de " demande d'autorisation de création" DAC : 3 ans (+ ou- 2 ans) Donc 5 ans avant de commencer la production ( si les autorisations sont accordées) Temps de production et mise sur le marché ( le plus difficile) 2 ans et c'est très rapide. Donc on ne pourra bénéficier de ce produit que dans 7 ans au plus tôt, donc environ 10 ans pour une vitesse de croisière sur le marché. Entre temps, les recherches s'accélèrent et de nouveaux produits plus modernes encore entreront en lices. Si une nouvelle Assemblée Nationale décide de réduire à 2 ans max. les temps d'études des dossiers industrielles nucléaires et les autres, les produits plus modernes seront favorisés. Dans CE système, comment veut-on que des gens investissent dans des projets prometteurs, urgents indispensables s'ils doivent attendre 10 ans avant de COMMENCER à toucher une rente? La France n'avancera pas avec une bureaucratie d'une si extrême lourdeur. Peut-on reprocher à "Jimmy" d'avoir le bras assez long pour sauter une étape de ce calvaire? En attendant les gens se chaufferont avec ce qu'ils peuvent, pour beaucoup, encore le moins cher: le gaz qu'on importe...

Ajouter un commentaire