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Le Sri Lanka, en proie à une crise économique historique, va consacrer de maigres réserves de gaz aux crématoriums et aux industries prioritaires, a annoncé le Premier ministre après l'arrivée mardi d'une nouvelle cargaison.
"Nous approvisionnerons les gros consommateurs, c'est-à-dire les hôtels, les hôpitaux et les crématoriums", a déclaré le Premier ministre Ranil Wickremesinghe, dans un communiqué vidéo adressé à la presse mardi tard dans la soirée. M. Wickremesinghe a précisé qu'une autre cargaison était attendue dans deux semaines pour, cette fois, approvisionner les ménages.
Le Sri Lanka traverse la pire crise économique depuis son indépendance et se trouve confronté à de graves pénuries de carburant, de nourriture et de médicaments. Selon M. Wickremesinghe, le Sri Lanka ne sera en mesure de répondre qu'à 50% de sa demande habituelle en carburant au cours des quatre prochains mois.
Le gouvernement a prévu de dévoiler un système de rationnement en juillet. Le Premier ministre a ajouté qu'une délégation du FMI était attendue au Sri Lanka lundi pour poursuivre les pourparlers sur sa demande de renflouement d'urgence. Le gouvernement affirme avoir besoin de 6 milliards de dollars pour maintenir l'économie à flot.
Le pays, qui a déjà fait défaut sur sa dette extérieure de 51 milliards de dollars, manque de devises étrangères nécessaires au financement des produits d'importation essentiels. L'île de 22 millions d'habitants, voisine de l'Inde, vit depuis de nombreux mois au rythme de pannes d'électricité quotidiennes, de longues files d'attente devant les stations de carburant, des rationnements des denrées et d'une inflation record.
Les services mortuaires n'ont pas échappé à la hausse des prix. Un service funéraire d'une journée, qui coûtait 380 000 roupies (1 800 euros) en décembre, vaut à présent plus du double.
La majorité de la population du Sri Lanka appartient à l'église bouddhiste, dont les fidèles sont traditionnellement incinérés, tandis que les minorités chrétiennes et musulmanes optent pour l'inhumation. Selon la presse locale, plusieurs cimetières bouddhistes situés en dehors de la capitale Colombo ont dû annuler les crémations faute de gaz et proposaient d'inhumer les défunts aux familles endeuillées.
L'année dernière, en pleine pandémie de Covid-19, le gouvernement avait été critiqué pour avoir suspendu les inhumations des défunts musulmans, obligeant leurs proches à les incinérer.