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Après avoir rencontré en Israël des alliés arabes, le secrétaire d'État américain Antony Blinken effectue mardi une visite au Maroc afin de consolider un partenariat stratégique régional dans un climat de tensions au Maghreb et dans le Golfe.
À Rabat, M. Blinken s'entretiendra à nouveau avec son homologue marocain Nasser Bourita, présent lundi à la réunion inédite dans le désert israélien du Néguev avec trois autres ministres arabes, ainsi qu'avec le Premier ministre Aziz Akhannouch. Il rencontrera aussi au Maroc le prince héritier d'Abou Dhabi et dirigeant de facto des Émirats arabes unis, Mohammed ben Zayed Al-Nahyane, dont les relations avec son traditionnel allié américain sont traversées de certaines tensions.
Le secrétaire d'État achèvera sa tournée régionale mercredi par une étape en Algérie, rivale du Maroc en Afrique du Nord et alliée de la Russie. Lors de ces déplacements, ses entretiens porteront sur la sécurité bilatérale et régionale, la lutte antiterroriste au Sahel, les droits humains mais aussi l'impact économique du conflit en Ukraine, comme le risque de pénurie de blé, selon des responsables américains.
À Rabat, la question du territoire disputé du Sahara occidental, priorité de la diplomatie marocaine, devrait figurer tout en haut de l'agenda. "Une nouvelle fois, la cause nationale, après la reconnaissance par les États-Unis de la marocanité du Sahara (ndlr : en décembre 2020), dominera cette visite", a souligné l'historien marocain Moussaoui Ajlaoui dans un entretien avec le site d'information semi-officiel Le360.
Dans un communiqué, le département d'État a réitéré le soutien américain au plan d'autonomie - "sérieux, crédible et réaliste" - présenté par le Maroc pour régler le "différend" qui l'oppose depuis des décennies aux indépendantistes sahraouis soutenus par Alger. Parallèlement, Washington a assuré l'envoyé personnel du secrétaire général de l'ONU, Staffan de Mistura, de son appui pour relancer le "processus politique" sous l'égide des Nations unies.
« Intérêts communs »
Le département d'tat a par ailleurs vanté un "partenariat stratégique enraciné dans des intérêts communs en faveur de la paix, la sécurité et la prospérité" de la région. Concernant la guerre en Ukraine, le Maroc n'a pas participé aux deux votes de l'Assemblée générale de l'ONU condamnant l'invasion russe, se gardant ainsi de prendre position dans le conflit. Cette neutralité revendiquée illustre la volonté de Rabat de ne pas se mettre à dos la Russie, membre du Conseil de sécurité de l'ONU, sur la question du Sahara occidental, selon des analystes.
Par ailleurs, Anthony Blinken aura l'occasion de discuter de sécurité régionale avec le prince Mohammed ben Zayed Al-Nahyane, dit "MBZ", l'homme fort des Émirats arabes unis, qui a une résidence au Maroc.
À l'instar d'Israël, les Émirats et le Maroc font front commun contre l'Iran tandis que les États-Unis cherchent à relancer l'accord nucléaire de 2015 avec Téhéran, censé l'empêcher de se doter de la bombe atomique en échange de la levée des sanctions internationales. En outre, les Émirats font partie d'une coalition militaire dirigée par l'Arabie saoudite, qui vient en aide depuis 2015 au gouvernement du Yémen, en guerre contre les Houthis, proches de l'Iran.
Gazoduc Maghreb-Europe
À Alger, M. Blinken poursuivra ses discussions sur la coopération sécuritaire - en particulier au Sahel - et la crise ukrainienne. Le diplomate américain pourrait ainsi évoquer la réouverture du gazoduc Maghreb-Europe, qui permettrait de réduire la dépendance des pays de l'Union européenne au gaz russe.
Ce pipeline desservant l'Espagne et transitant par le Maroc a été fermé en octobre par l'Algérie à la suite de la rupture de ses relations diplomatiques avec Rabat en août 2021. Alger avait alors excipé d'"actes hostiles" de son voisin pour justifier sa décision.
Outre le Sahara occidental, la normalisation accélérée entre le Maroc et Israël figure parmi les contentieux entre les deux frères ennemis du Maghreb.