- AFP
- parue le
La France va fournir à la sidérurgie de Sarre (ouest de l'Allemagne) l'hydrogène nécessaire à sa sortie du charbon, au moyen d'une canalisation de près de 100 kilomètres attendue mi-2027, a-t-on appris vendredi auprès du transporteur d'énergie GRTgaz.
Ce dernier, et son homologue allemand partenaire du projet, la société Creos, ont décidé de lancer la construction d'un réseau de transport d'hydrogène partant de Moselle, "auquel se raccorderont les usines de Dillingen et Völklingen (Sarre) du groupe sidérurgique SHS, dans le cadre de leur rénovation complète", a annoncé à Strasbourg Vincent Rousseau, délégué territorial de GRTgaz Nord-Est.
"L'objectif de mi-2027" est fixé pour l'entrée en service de cette canalisation de 91 km, dont 51 km en France, a poursuivi M. Rousseau. Sa réalisation représente un "investissement d'environ 100 millions d'euros", montant "qui reste relativement modeste", car le projet résultera "aux deux-tiers de la conversion de canalisations existantes de gaz naturel", a poursuivi le responsable. Ce changement de destination constitue "sans doute une première mondiale à une telle ampleur", a-t-il estimé.
Le lancement du projet, baptisé Mosahyc (MOselle SArre HYdrogène Conversion), est déclenché par la décision de SHS d'abandonner progressivement, à partir de 2027, le recours au charbon pour la fabrication de ses aciers, afin de lui substituer entre autres de l'hydrogène.
Dévoilé en décembre 2022, le projet a été conforté lundi dernier par l'annonce à Völklingen du ministre allemand de l'Economie Robert Habeck de l'octroi par l'État fédéral d'une subvention de 2,6 milliards d'euros, en assurant que celle-ci obtiendra l'approbation de la Commission européenne.
Cette aide publique, d'un montant record en Allemagne, "est essentielle pour mener l'investissement requis", avait réagi SHS dans un communiqué. "L'investissement du sidérurgiste justifie la mise en place" de Mosahyc, un projet planifié depuis 2019, selon Vincent Rousseau.
La canalisation tirera son hydrogène de sa production sur la plateforme chimique de Carling-Saint-Avold (Moselle) grâce aux installations qu'ouvriront dans les prochaines années les sociétés GazelEnergie, filiale du groupe EPH de l'homme d'affaires tchèque Daniel Kretinsky, et Verso Energy, a précisé M. Rousseau. L'objectif consiste "à gagner d'autres clients utilisateurs pour Mosahyc, également côté français", a-t-il ajouté.
En France, quatre autres projets comparables mais moins avancés sont situés dans les secteurs de Dunkerque et Valenciennes (Nord), de Marseille-Fos et en Alsace. Avec celui de Moselle-Sarre, le réseau national pourrait ainsi s'étendre sur 500 km à l'horizon 2030.