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Le gouvernement français a autorisé pour la première fois en France un projet de recherches d'hydrogène dit "blanc", un gaz naturellement présent dans le sous-sol et dont l'intérêt est croissant pour décarboner l'industrie et les transports, a appris dimanche l'AFP auprès du ministère de la Transition énergétique.
Annoncé dimanche dans le Journal officiel, ce "permis exclusif de recherches de mines d'hydrogène natif, hélium et substances connexes dit Sauve Terre H2" concernera une zone de 225 km2 environ située dans les Pyrénées-Atlantiques (Sud-Ouest), précise l'arrêté du 23 novembre signé par la ministre de la Transition énergétique et le ministre délégué à l'Industrie.
Il a été accordé à la société TBH2 Aquitaine pour une durée de cinq ans, devenant ainsi le premier des projets de recherches d'hydrogène naturel à être autorisé parmi six demandes déposées en France, a indiqué à l'AFP le ministère de la Transition énergétique, précisant que les cinq autres étaient "à l'instruction".
"TBH2 Aquitaine restera la première société en France à avoir obtenu un permis exclusif de recherches pour l'hydrogène natif", s'est félicité auprès de l'AFP Vincent Bordmann, le fondateur de la société, en évoquant un "grand jour".
Selon lui, l'octroi de ce permis signifie que les travaux d'exploration peuvent commencer, à savoir des études, notamment sismiques. Le forage n'interviendra que dans deux ou trois ans, après de nouvelles autorisations.
Dans les Pyrénées-Atlantiques, une autre demande de permis a été déposée en mars conjointement par les sociétés 45-8 ENERGY et Storengy, pour une superficie de 266 km2, mitoyenne du projet Sauve Terre H2 sur 10 km.
L'hydrogène est très convoité pour le potentiel de décarbonation qu'il offre aux industries et à la mobilité qui doivent progressivement se passer de charbon, de pétrole et de gaz. Dans l'industrie pétro-chimique, il est utilisé en grande quantité pour désulfurer les carburants.
Mais jusqu'à présent, l'hydrogène n'est utilisé dans le monde que sous sa forme de produit industriel, donc fabriqué, et non sous sa forme native, c'est-à-dire issu de ressources naturelles.
Et plus de 95% de l'hydrogène produit est de l'hydrogène dit "gris", fabriqué par les industriels de la chimie ou de la pétrochimie par le "réformage" du gaz méthane (CH4), un processus très émetteur de gaz à effet de serre.
Pour qu'il soit considéré comme "vert", afin de pouvoir contribuer à la décarbonation de l'industrie lourde, l'hydrogène industriel doit être issu de la fracturation électrique de la molécule d'eau (H20), à condition que l'électricité utilisée soit elle-même verte (éolienne, solaire, hydraulique), un procédé très onéreux.
Présent naturellement partout sur la planète, l'hydrogène natif dit "blanc" suscite des appétits croissants car il aurait l'avantage de ne pas émettre de CO2, un des gaz à effet de serre responsables du changement climatique, contrairement à celui produit à partir d'énergies fossiles dit hydrogène "gris". A condition que son extraction, son stockage et son transport soient moins chers que la fabrication de l'hydrogène industriel (gris ou vert).
D'autres formes d'hydrogène industriel existent: "bleu", "vert" et "jaune", selon qu'elles recourent au gaz avec captage de carbone, à des sources d'électricité verte (éolienne, solaire, hydroélectrique) par électrolyse de l'eau ou que la production a lieu à partir d'électricité nucléaire.