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La Chine, premier émetteur mondial de gaz à effet de serre, va annoncer "d'ici quelques semaines" sa contribution à la lutte contre le réchauffement climatique, a indiqué samedi à Pékin le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius.
"Je me suis enquis auprès du gouvernement chinois, qui pense le faire d'ici quelques semaines", a déclaré M. Fabius au sujet de cet objectif très attendu, car permettant de jauger la volonté et l'ambition chinoises, à six mois de la conférence Paris Climat 2015.
Lors de ce rendez-vous - la plus importante réunion diplomatique jamais organisée par Paris -, 195 pays et l'Union européenne doivent impérativement trouver un accord censé limiter la hausse de la température du globe à 2°C, en comparaison avec l'ère pré-industrielle.
Selon une décision prise en décembre à Lima, les pays devaient annoncer leur contribution nationale "le plus rapidement possible", et idéalement dès le premier trimestre 2015, mais seuls un tiers l'ont fait. La contribution chinoise, attendue fin mars, a été retardée. Les Etats-Unis et l'Union européenne ont eux transmis la leur en mars.
"Evidemment, plus c'est vite délivré, mieux c'est. Et le secrétaire général des Nations unies, M. Ban Ki-moon, a écrit, il y a trois semaines, aux différents pays pour leur rappeler, en des termes choisis, leur obligation de délivrer leur contribution", a souligné Laurent Fabius dans une conférence de presse.
Nommé chef de la diplomatie française il y a trois ans jour pour jour, M. Fabius a été reçu vendredi par Xie Zhenhua, plus haut responsable chinois des questions climatiques, alors que la Chine accueillait en même temps le Premier ministre indien, Narendra Modi.
La Chine et l'Inde, les deux pays les plus peuplés du monde, assoiffés d'énergie, sont appelées à jouer un rôle pivot à la conférence de Paris, elle-même cruciale pour l'avenir de la planète. "Pour la Chine et l'Inde, c'est difficile", a estimé à Pékin Laurence Tubiana, la représentante spéciale de la France à ces négociations. "On voit qu'il y aura beaucoup d'énergies renouvelables dans les propositions chinoise et indienne, mais il y a encore beaucoup de charbon dans leur mix énergétique".
"Pour l'instant, les deux pays ne voient pas bien comment ils vont sortir du charbon. La Chine commence à discuter d'un plafond sur le charbon, et d'une descente. Pour l'Inde, cela n'est pas encore du tout le cas. Il y a encore beaucoup de demande de croissance de l'énergie dans les deux pays", a ajouté la spécialiste.
On s'attend à ce que la contribution climat indienne soit rendue publique bien après celle des autres grands pays de la planète. En novembre dernier, lors d'une annonce commune avec les Etats-Unis, la Chine s'est fixé pour objectif un pic de ses émissions de gaz à effet de serre "autour de 2030". Selon certains, qui ont critiqué l'imprécision du terme "autour de 2030", la Chine s'est ainsi accordé le droit de continuer d'accroître ses émissions pendant 16 ou 17 ans, voire davantage.