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La France a bien rempli ses stocks de gaz et doit être "capable de faire face" à un hiver moyen tout en aidant les pays voisins, notamment l'Allemagne, avec du gaz importé, mais doit commencer à économiser "dès maintenant" pour faire face à un éventuel hiver très froid, a indiqué GRTgaz mercredi.
"Dans un hiver moyen, la France est capable de faire face à la demande de gaz tout en soutenant le système électrique et en contribuant activement à la solidarité européenne. Mais si l'hiver est froid ou très froid, on pourrait se retrouver en situation de tension plutôt en fin d'hiver, et donc il faut vraiment un effort de sobriété indispensable dès maintenant pour préserver les stockages tout au long de l'hiver" a déclaré le directeur général de GRTgaz Thierry Trouvé au cours d'une conférence de presse mercredi.
Face au tarissement des flux venant de Russie, la France a réorganisé ses approvisionnements, en pariant sur une augmentation des importations de gaz naturel liquéfié (GNL) et de gaz gazeux venant d'Algérie, du Qatar, d'Égypte, de différents pays d'Afrique, d'Espagne, et d'Amérique" a dit M. Trouvé.
La France dispose déjà de quatre terminaux d'importation de GNL, et doit en mettre en service un cinquième, flottant, au Havre l'an prochain. Ses stocks, remplis à 94%, devraient être pleins d'ici l'hiver, a dit M. Trouvé.
Dans le cadre de la solidarité européenne face au bras de fer gazier de la Russie, la France pourra livrer à partir de la mi-octobre du GNL à l'Allemagne, qui n'a pas de terminaux d'importation, à hauteur de 100 GWh/jour, "soit la puissance de quatre tranches nucléaires", a dit M. Trouvé.
"La capacité ne sera pas forcément constante chaque jour" at-il néanmoins prévenu.
Pour les années à venir, l'Allemagne, qui a des projets d'installation de cinq terminaux flottants, devra décider si elle a ou non besoin de l'aide française, a ajouté M. Trouvé. Car il existe des possibilités d'augmenter la capacité de sortie vers l'Allemagne, mais "via un certain nombre de travaux" à réaliser.
La solidarité européenne se matérialisera aussi grâce à l'Espagne qui va augmenter de 40 GWh par jour sa capacité de livraison vers la France et les pays du nord à partir du 15 octobre, a ajouté Dominique Mockly, Président et directeur général du gestionnaire de reseau gazier du sud-ouest, Téréga, lors de la même conférence de presse.
Au total, la capacité de livraison de l'Espagne passera ainsi à 275 Gwh par jour au lieu de 225 GWh actuellement.
En France, en cas d'hiver froid ou très froid, GRTGaz, qui a travaillé à l'élaboration de différents scénarios comme son équivalent dans le domaine de l'électricité RTE, n'exclut pas des "difficultés", surtout en fin d'hiver lorsque les stockages à moitié vides auront des rendements de sortie plus bas, et en cas de coup de froid printanier.
Il brandit une panoplie d'outils devant permettre d'éviter tout blackout non contrôlé. En premier lieu, un système d'économie volontaire de gaz, équivalent à celui dit EcoWatt dans l'électricité, sera mis en oeuvre "courant octobre".
Dans le scénario du pire, si les efforts volontaires d'économie s'avéraient insuffisants, des délestages (arrêts ponctuels de quelques jours, ndlr) seront organisés. Mais ils viseraient seulement les gros utilisateurs consommant plus de 5 GWh par an, a précisé M. Trouvé.
Soit les industriels du verre, des engrais, des métaux, de la pétrochimie et de l'agroalimentaire. En seraient exemptés les hôpitaux, les systèmes de chauffage collectifs et les centrales électriques fonctionnant au gaz, pour ne pas ajouter au stress énergétique, a précisé M. Trouvé.