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Dans son rapport sur l'avenir électrique de la France, le gestionnaire du réseau RTE propose plusieurs scénarios pour la production et l'évolution de la consommation. Voici les principaux "chemins" possibles:
Une consommation en hausse
Pour la consommation française, RTE retient le scénario de référence d'un niveau de 645 térawattheures (TWh) en 2050, soit une hausse de quelque 35% par rapport à l'époque actuelle. Elle suppose une électrification "progressive" des usages et une ambition forte sur l'efficacité énergétique. Mais RTE imagine aussi une trajectoire axée sur la "sobriété", où la consommation n'atteindrait que 554 TWh. Elle suppose une évolution des habitudes de vie davantage de télétravail, moindre consommation de biens et moins de déplacements individuels. C'est le scénario privilégié par exemple par le candidat écologiste à la présidentielle Yannick Jadot.
À l'inverse, une forte réindustrialisation de la France et un développement accéléré de la production d'hydrogène pourraient se traduire par une consommation électrique encore plus importante (754 TWh), selon RTE.
Des scénarios sans nouveaux EPR
Sur les six scénarios qui imaginent le futur de la production électrique, trois se font sans nouveaux réacteurs nucléaires. Le premier scénario est 100% renouvelables en 2050 : il suppose une sortie totale du nucléaire avec un rythme de développement du photovoltaïque, de l'éolien et des énergies marines "poussés à leur maximum". Dans un rapport publié fin janvier avec l'Agence internationale de l'énergie (AIE), RTE avait déjà conclu à sa faisabilité technique, à condition de remplir une série de conditions techniques strictes et cumulatives. La ministre de la Transition écologique Barbara Pompili, opposante au nucléaire de longue date, avait alors salué un "moment copernicien".
RTE souligne lundi que les scénarios à très hautes parts de renouvelables "impliquent des paris technologiques lourds pour être au rendez-vous de la neutralité carbone en 2050". Deux autres scénarios sans nouveaux EPR conservent pour leur part une part de nucléaire provenant des réacteurs existants. L'un s'appuie sur le développement de grands parcs notamment éoliens, l'autre sur une répartition "diffuse" avec beaucoup de solaire, notamment sur les toitures. Ce dernier est le scénario le plus coûteux pour la France.
Trois chemins avec de nouveaux EPR
Les trois derniers scénarios de production imaginent le lancement de nouveaux réacteurs de nouvelle génération (EPR2), associés dans tous les cas à une progression des renouvelables. Deux d'entre eux imaginent une part minoritaire mais significative du nucléaire dans le bouquet français en 2050, avec respectivement 8 EPR ou 14 nouveaux EPR lancés.
"Un scénario conservant une capacité de production nucléaire importante associé à un développement conséquent des renouvelables est de nature à limiter le risque de non-atteinte des objectifs climatiques", souligne RTE. Autre avantage de la construction de nouveaux réacteurs : c'est un choix "pertinent" du point de vue économique même si cet avantage est soumis à la capacité à accéder à des financements compétitifs.
Un dernier scénario imagine enfin 14 EPR plus des petits réacteurs et la prolongation d'une partie du parc existant au-delà de 60 ans, permettant d'avoir encore 50% de nucléaire en 2050. RTE souligne le défi technique que poserait ce dernier choix, avec beaucoup d'incertitudes associées.