En Ouganda, un défenseur de l'environnement probablement « arrêté » par des militaires, selon deux ONG

  • AFP
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Un défenseur de l'environnement en Ouganda, Stephen Kwikiriza, qui milite contre le mégaprojet pétrolier de TotalEnergies dans le pays d'Afrique de l'Est, "aurait été arrêté" par des militaires mardi, ont affirmé vendredi deux ONG, dont la Fédération internationale pour les droits humains (FIDH).

"Dans une escalade particulièrement inquiétante de la répression, Stephen Kwikiriza, de l'Environmental Governance Institute (EGI), aurait été enlevé par des officiers de l'armée ougandaise en civil, le 4 juin", a déploré dans un communiqué transmis à l'AFP la FIDH, ajoutant que "toute communication avec Stephen Kwirkiriza a été coupée depuis 72 heures et l'on ignore où et dans quel état il se trouve".

Interrogé par l'AFP, Julius Hakiza, porte-parole de la police dans la région où réside Stephen Kwikiriza, a affirmé "ne pas être au courant" de cette arrestation. Le porte-parole de l'armée n'a pas pour l'heure pas donné suite.

Pour l'ONG Human Rights Watch (HRW), l'EGI "a indiqué qu'elle n'avait plus eu de nouvelles de (Stephen Kwikiriza) depuis qu'il avait envoyé un SMS à un collègue le 4 juin 2024, affirmant qu'il avait été arrêté par des officiers militaires ougandais en civil".

"Les autorités ougandaises devraient enquêter de toute urgence et de manière impartiale sur la détention de Kwikiriza et obtenir sa libération immédiate", a affirmé l'ONG, poursuivant que les autorités de Kampala doivent "cesser de harceler les opposants à l'exploitation pétrolière dans le pays".

La FIDH a également affirmé que 11 défenseurs des droits de l'environnement "ont été enlevés, arbitrairement arrêtés, détenus ou soumis à différentes formes de harcèlement par les autorités ougandaises entre le 27 mai 2024 et le 5 juin 2024". Ceux qui ont été arrêtés ont été libérés, mais font toujours l'objet d'une "enquête", a déploré la FIDH.

TotalEnergies avait annoncé en 2022 un accord d'investissement de 10 milliards de dollars avec l'Ouganda, la Tanzanie et la compagnie chinoise CNOOC, comprenant notamment la construction d'un oléoduc (EACOP) de 1.443 kilomètres reliant les gisements du lac Albert, dans l'ouest de l'Ouganda, à la côte tanzanienne sur l'océan Indien.

Le projet a toutefois rencontré l'opposition de militants et de groupes de défense de l'environnement qui estiment qu'il menace le fragile écosystème de la région et les populations qui y vivent.

Vingt-six Ougandais et cinq associations françaises et ougandaises (AFIEGO, les Amis de la Terre France, NAPE/Amis de la Terre Ouganda, Survie et TASHA Research Institute) ont lancé en juin 2023 une action civile pour demander "réparation" devant le tribunal de Paris de divers préjudices: expropriations abusives, compensations insuffisantes, harcèlement...

Les associations Darwin Climax Coalitions, Sea Shepherd France, Wild Legal et Stop EACOP-Stop Total en Ouganda ont également déposé en septembre à Nanterre (région parisienne) une plainte au pénal, qui est, selon elles, "inédite" car elle assigne TotalEnergies "devant le juge pénal pour des faits s'apparentant à un climaticide".

Le président ougandais Yoweri Museveni, qui dirige le pays d'une main de fer depuis 1986, a décrit le projet à plusieurs reprises comme une source économique majeure dans ce pays enclavé.

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