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Le Tadjikistan a introduit des peines de prison ferme pour utilisation illégale d'électricité dans cette ex-république soviétique d'Asie centrale en crise énergétique depuis plus de trois décennies, où les pénuries s'aggravent faute d'eau pour faire tourner les centrales hydroélectriques.
Des peines allant jusqu'à 10 ans de prison pour fraude au compteur
Relayée lundi par de rares médias non gouvernementaux, dans ce pays où la presse est étroitement contrôlée, la mesure "préparée sur les instructions du président tadjik" avait été publiée samedi par le ministère de l'Énergie et des ressources hydriques.
Cette loi, qui introduit une "responsabilité pénale en cas de violation des réglementations relatives à l'utilisation de l'électricité", est l'une des premières adoptées par le Parlement après les législatives de début mars, remportées par le parti du président Emomali Rakhmon, au pouvoir depuis 1992.
Elle prévoit des peines allant jusqu'à 10 ans de prison pour fraude au compteur dans le but d'éviter de payer les factures dans ce pays, le plus pauvre d'ex-URSS, où le salaire moyen ne dépasse pas les 220 euros.
Le 27 mars, M. Rakhmon s'était "inquiété de l'utilisation irrationnelle de l'électricité et des pertes supérieures à la norme lors de la saison automne-hiver 2024-2025".
Dans l'attente d'une centrale hydroélectrique géante
Début avril, le ministre de la Justice avait accusé certains particuliers et entreprises de "modifier les relevés des compteurs d'électricité ou de consommer de l'électricité sans se connecter à ces appareils pour éviter de payer, portant gravement atteinte aux intérêts économiques du pays".
Chaque année, la consommation d'électricité est limitée pendant environ six mois, car le système énergétique vétuste ne peut soutenir la demande exponentielle, faute d'eau dans les rivières alimentant les centrales hydroélectriques qui fournissent au Tadjikistan 95% de son électricité.
Le Tadjikistan mise tout sur Rogoun, la future plus puissante centrale hydroélectrique d'Asie centrale et plus haut barrage au monde (335 mètres), censé produire 3 600 mégawatts, l'équivalent de trois centrales nucléaires.
Ce projet colossal, entamé il y a un demi-siècle sous l'URSS en 1976 puis abandonné avec la chute du communisme et la guerre civile tadjike, a été relancé par M. Rakhmon, qui qualifie Rogoun de "palais de lumière", "fierté du peuple tadjike", ou encore de "construction du siècle".
Cependant, la date de mise en service à pleine capacité reste inconnue et son coût, plus de 6 milliards de dollars, est en constante augmentation.