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Conséquence de la crise sanitaire mais aussi du retard dans les énergies renouvelables, la sécurité d'approvisionnement électrique de la France fera encore l'objet d'une "vigilance" particulière ces trois prochains hivers, a mis en garde RTE mercredi.
"La sécurité d'approvisionnement reste sous vigilance" pour la période 2021-2024, estime le gestionnaire du réseau à haute tension dans son "bilan prévisionnel" du système électrique français à l'horizon 2030. RTE prévoit en effet des marges de sécurité plus réduites avec la plus faible disponibilité du parc nucléaire à la suite de la crise du Covid-19, qui a bousculé le planning de maintenance des réacteurs d'EDF.
S'ajoutent les retards du chantier de l'EPR de Flamanville (Manche) mais aussi dans le développement des énergies renouvelables, surtout le solaire et l'éolien en mer. RTE avait déjà exprimé sa vigilance pour l'hiver 2020-2021, qui s'est finalement passé sans encombre grâce à une météo clémente et à une baisse de la consommation électrique avec la crise.
Pour l'avenir, la situation doit ensuite s'améliorer en 2024-2026 avec la mise en route attendue de l'EPR et de six parcs éoliens en mer, notamment. L'amélioration est plus nette encore en 2026-2030. Pour les trois prochains hivers, RTE suggère des pistes pour "retrouver des marges": en particulier accélérer le développement des renouvelables et "le maintien en disponibilité ou la conversion à la biomasse de la centrale de Cordemais" (Loire-Atlantique), aujourd'hui au charbon.
Alors que la France doit officiellement sortir du charbon d'ici 2022, le gouvernement a déjà expliqué que cette centrale d'EDF pourrait continuer en réalité de fonctionner quelques centaines d'heures par an. EDF y porte aussi un projet de conversion à la biomasse.
Pour 2030, RTE prévoit par ailleurs une hausse modérée de la consommation d'électricité, de l'ordre de 5% par rapport à 2019. Elle sera notamment tirée par la recharge des véhicules électriques mais aussi la production d'hydrogène. La fameuse "pointe" de consommation de 19 heures en hiver devrait cependant diminuer grâce aux mesures d'efficacité et à de nouveaux usages qui ne seront pas concentrés sur cet horaire.
Concernant les émissions de CO2, RTE calcule qu'elles devraient diminuer de 30 à 40 millions de tonnes par an. C'est en partie le fait de l'évolution du système électrique lui-même mais surtout grâce aux transferts d'usage vers l'électricité (mobilité, production d'hydrogène, procédés industriels, chauffage ou cuisson...) qui limiteront le recours aux énergies fossiles.