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Les entreprises industrielles, sources de fortes émissions de gaz à effet de serre, pourront répondre dès jeudi à deux appels à projet, lancés par le gouvernement pour soutenir leur transition écologique.
Volet important du plan de relance, le Fonds décarbonation de l'industrie bénéficiera d'ici à 2022 d'1,2 milliard d'euros, dont 200 millions engagés dès 2020, a indiqué le ministère de l'Economie jeudi, alors que la ministre déléguée Agnès Pannier-Runacher se rendait sur le site d'ArcelorMittal à Dunkerque (Nord).
Deux premiers appels à projets sont ainsi ouverts, avec pour objectif de dégager de premiers crédits dès décembre. Avec un seuil à 3 millions d'euros, ils concernent des projets plutôt grands, choisis pour leur efficacité en termes de réduction d'émissions.
L'un porte sur des projets de meilleure efficacité énergétique des procédés industriels (équipements plus performants par exemple).
L'autre concerne le déploiement de la chaleur verte (biogaz, biomasse...). S'ajoutant au Fonds chaleur existant, le soutien, qui permet de compenser au moins en partie l'écart de coûts entre ces solutions et les combustibles fossiles, s'inscrit dans la durée (15 ans maximum) pour assurer une visibilité aux industriels.
D'autres appels à projet seront lancés ces deux prochaines années, à raison de 500 millions d'euros par an.
Entre 1995 et 2015, les émissions de CO2 de l'industrie ont baissé de 40% en France, mais elles restent importantes (80 millions de tonnes annuelles, 20% du total) et l'empreinte carbone du secteur est massive du fait des importations.
"L'enjeu de la relance est de passer à un modèle économique décarboné," pour à terme produire sur le territoire certains biens coûteux en émissions importés jusqu'ici, explique-t-on à Bercy et au ministère de la Transition écologique.
Réduire les émissions importées est "un objectif cardinal", assure-t-on, et il s'agit aussi de pouvoir relocaliser certaines activités (papeterie, verrerie, métallurgie, chimie...) en les rendant plus vertes et par là plus compétitives.
"Grâce aux progrès sur l'efficacité énergétique ou l'utilisation de sources de chaleur décarbonnées, notre objectif est de réduire de l'ordre de 8,7 millions de tonnes les émissions (...) soit 11%" des émissions de l'industrie, équivalentes à "l'ensemble des logements d'Ile-de-France", a souligné Agnès Pannier-Runacher lors d'un point presse.
"Soutenir l'accès à une chaleur décarbonnée, c'est aussi soutenir des filières de production locales de biomasse, c'est ancrer des sites industriels qui consomment dans leur territoire" et "les protéger des fluctuations du marché", a-t-elle estimé.
Pour "illustrer" ce plan, le gouvernement avait choisi le site dunkerquois d'ArcelorMittal, "l'un des plus émetteurs de CO2 en France, incarnant une industrie construite depuis le 19e siècle" et qui a selon Mme Pannier-Runacher vocation à "devenir chef de file des technologies innovantes décarbonnées".
Le géant de la sidérurgie envisage ainsi d'investir, grâce au plan gouvernemental, dans plusieurs innovations: "l'utilisation de ferraille, dans une approche d'économie circulaire", ou la captation de CO2 et de gaz actuellement générés en vue d'être réutilisés, pour "améliorer l'efficacité des hauts fourneaux", a salué la ministre.
"ArcelorMittal et Total, avec la bénédiction du gouvernement, projettent de capter une partie du CO2 pour aller l'enfouir dans les fonds sous-marins au large de la Norvège, afin visiblement de faciliter l'extraction du pétrole", a de son côté accusé la CGT dans un communiqué, critiquant aussi la "politique sociale du groupe", visité par la ministre "quelques heures à peine après un mouvement de grève".
Outre les deux appels à projet, un "appel à manifestation d'intérêt" est en outre lancé jeudi, en vue d'identifier des expérimentations et initiatives en projet dans les sites industriels visant à faire évoluer les procédés industriels (électrification, nouveaux usages...).