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Argument clé de Tesla, dont le réseau de recharge fait le bonheur des amateurs de véhicules électriques, les "superchargers" d'Elon Musk peuvent désormais compter sur la conversion d'un groupe bien plus inattendu : ses propres concurrents, une victoire pour le constructeur américain qui reste cependant à confirmer.
Ford a été le premier, fin mai, à annoncer un partenariat avec le groupe d'Elon Musk ... via une discussion audio enjouée entre les patrons des deux entreprises sur Twitter, le réseau social sous la coupe du multimilliardaire. Mary Barra, la patronne de General Motors (GM), a utilisé la même méthode pour dévoiler quelques jours plus tard un partenariat similaire avec Tesla, l'échange se limitant cette fois-ci à six minutes. La start-up Rivian, qui fabrique des pick-up électriques, leur a emboîté le pas mardi.
Tesla va ouvrir une grande partie de son réseau de superchargeurs aux États-Unis et au Canada aux clients de toutes ces entreprises, qui pourront s'y brancher via un adaptateur dans un premier temps, puis directement quand les constructeurs auront installé sur leur véhicule l'équipement adéquat.
Ces partenariats leur permettent de proposer à leurs clients plus de stations pour recharger leur véhicule en électricité et offre dans le même temps à Tesla une nouvelle source de revenus, qui devrait encore gonfler.
Fiabilité
Pour Mary Barra, il serait bien que le système développé par Tesla, connu sous le nom de NACS, se généralise car il faciliterait ainsi une "adoption de masse" des véhicules électriques.
Déjà, l'État du Texas a prévu que les stations de recharge rapide financées par des aides gouvernementales soient équipées d'un connecteur NACS, en plus de celui actuellement plus répandu, le Connecteur de charge combiné ou CCS, a indiqué à l'AFP un représentant du département des Transports de l'État.
L'ascension du réseau de "superchargeurs" de Tesla reflète sa réputation de fiabilité par rapport aux autres opérateurs de bornes de recharge, ainsi que la lenteur de leur expansion. Elle a aussi donné un nouveau coup de fouet à l'action de Tesla, qui a bondi d'environ 40% depuis l'annonce du partenariat avec Ford.
Pour plusieurs experts du secteur, il serait toutefois prématuré d'attribuer la victoire à Tesla. "On se dirige peut-être dans cette direction mais il est encore trop tôt pour dire que Tesla et le NACS ont gagné", estime Loren McDonald, consultant dans le secteur des véhicules électriques.
Secrets technologiques
D'autres constructeurs aux grandes ambitions sur le segment des véhicules électriques, comme Volkswagen et Hyundai, continuent de préférer le système CCS. "On finira par n'avoir qu'un seul système, mais on ne sait pas combien de temps cela prendra", abonde John Eichberger, directeur de l'Institut du transport et de l'énergie.
Selon lui, la montée en puissance du système de Tesla pourrait notamment aboutir à des réticences de la part des autorités chargées de la concurrence. Pour que le NCAS devienne la norme, il faudrait notamment qu'Elon Musk accepte d'en partager les secrets technologiques, dit-il.
Le système CCS était jusqu'à peu considéré comme celui qui allait devenir la référence, notamment parce qu'il est explicitement requis dans le programme de 5 milliards de dollars d'aides au développement du réseau de chargeurs aux Etats-Unis présenté en 2021 par le président Joe Biden. Mais en février, la Maison Blanche a noué un accord avec le groupe d'Elon Musk pour que le fabricant de voitures électriques ouvre son propre réseau à d'autres marques d'ici fin 2024.
Le manque de points de recharge est en effet considéré comme un frein majeur à la transition vers l'électrique dans le pays. Dans un rapport en janvier, S&P Global estimait que le nombre de stations devrait idéalement quadrupler dans le pays entre 2022 et 2025.
Le nombre de bornes "augmente, mais très lentement par rapport au nombre de véhicules qui arrivent sur le marché", remarque Bertrand Rakoto du cabinet Ducker Carlisle. En plus des problèmes pour s'approvisionner en matériaux clés, les opérateurs de bornes peinent à négocier des tarifs intéressants avec les fournisseurs d'électricité, et font face à de nombreuses incertitudes sur le déploiement, complexe, du plan d'aides gouvernementales.
Le ministère de l'Énergie "travaille dur" pour le mettre en place et sept juridictions ont engagé le processus d'appels d'offres, a assuré à l'AFP un porte-parole. Mais aucune station financée par ce plan n'est encore en construction, selon Loren McDonald.
Pour le consultant, l'attention accordée à la construction de stations de recharge pour apaiser les automobilistes craignant de se retrouver à court d'énergie est importante. Mais, à ses yeux, la priorité devait être donnée à l'installation de chargeurs dans les maisons et immeubles.